Otages en Afghanistan: ultimatum samedi, signal de Paris aux

Otages en Afghanistan: ultimatum samedi, signal de Paris aux talibans


Par Indalecio ALVAREZ



PARIS (AFP) - La France, mobilisée pour obtenir la libération de ses deux ressortissants pris en otages en Afghanistan,
a adressé vendredi, à l'approche de l'expiration d'un ultimatum, un
signal aux talibans en soulignant que ses forces n'ont "pas de vocation
à rester" dans le pays.
"Il n'y a pas de vocation à rester occuper
un pays à long terme", a déclaré le ministre des Affaires étrangères
Philippe Douste-Blazy à la radio Europe 1.
"Cela va d'ailleurs contre les valeurs de la France de respect de
souveraineté, d'indépendance nationale et d'intégrité territoriale",
a-t-il ajouté.
Les talibans avaient, le 20 avril, donné
une semaine à la France pour retirer ses troupes d'Afgahnistan afin
d'obtenir la libération de deux Français employés de l'ONG humanitaire
Terre d'Enfance enlevés le 3 avril dans le sud-ouest du pays.
"Faute de quoi, la position de l'Emirat
islamique (les talibans) envers les prisonniers étrangers est claire et
sera bientôt appliquée", avait alors ajouté un communiqué des talibans
en référence à une possible exécution des otages.
Vendredi, un porte-parole des talibans,
Yousuf Ahmadi, a affirmé à l'AFP que l'ultimatum n'expirait "pas
aujourd'hui, mais demain samedi".
Le candidat de droite à l'élection présidentielle française, Nicolas Sarkozy, que M. Douste-Blazy soutient, avait estimé jeudi soir que "la présence à long terme des troupes françaises" en Afghanistan ne lui semblait "pas décisive".
"Il a totalement raison : ça s'inscrit dans le choix du président (Jacques) Chirac", a dit M. Douste-Blazy. "Nous sommes allés en Afghanistan au moment où il y avait un risque de terrorisme. Aujourd'hui, il y a une décision de la part du chef de l'Etat actuel de retirer les forces spéciales".
La France a retiré en janvier la plupart
des 220 membres de ses forces spéciales déployées en juillet 2003 dans
le cadre de l'opération "Liberté immuable", lancée par les Etats-Unis contre les talibans après les attentats du 11 septembre 2001.
Paris dispose d'un millier d'hommes au
sein de la force internationale de l'Otan (Isaf) et ses avions Rafale
appuient les troupes internationales luttant contre l'insurrection des
talibans.
Pour Dominique Moïsi, de l'Institut
français des relations internationales, "consciente de l'irakisation de
la situation afghane, la France prend ses distances avec le conflit et,
dans l'ambiguïté, peut donner quelque chose aux preneurs d'otages".
"La France ne cède pas, puisqu'elle ne se
retire pas, mais elle prend date", a-t-il ajouté, en relevant qu"il y a
calendrier imposé par les preneurs d'otages et un autre autre imposé
par les élections en France".
Les deux Français enlevés avec leurs trois
accompagnateurs afghans ont été identifiés par un site internet des
talibans comme "Eric" et "Céline". Restée jusque-là très discrète,
l'ONG Terre d'Enfance a lancé jeudi un appel aux talibans pour qu'ils
laissent "la vie sauve" à leurs otages.
M. Douste-Blazy a réaffirmé vendredi que la France "faisait tout à Kaboul comme ici, à Paris, pour les ramener rapidement".
Il a souligné que le président Hamid Karzaï avait assuré la France "de toute son aide". Le président Jacques Chirac, dont le mandat s'achève le 16 mai, a appelé personnellement son homologue afghan à deux reprises.
Le ministère français des Affaires
étrangères a dépêché la semaine dernière à Kaboul un diplomate de haut
rang, le secrétaire général Philippe Faure, qui a été reçu par M.
Karzaï.