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Avec son dernier film, Catherine Breillat a voulu faire "un bras d'honneur"


Par Rébecca FRASQUET



CANNES (AFP) - "Je me suis dit, je vais leur faire un bras d'honneur : je vais faire le film
qu'ils n'attendent pas", affirme à l'AFP, dans un sourire espiègle, la
réalisatrice française Catherine Breillat à propos d'"Une vieille
maîtresse", adapté du roman de Jules Barbey d'Aurevilly.
Scénariste de Fellini ou Pialat à ses
débuts et pour la première fois en compétition à Cannes l'année de ses
60 ans, Catherine Breillat a signé une douzaine de films et autant de livres, en trente ans.
Mais c'est en peintre qu'elle parle d'"Une
vieille maîtresse", où Asia Argento campe une courtisane du XIXe siècle
liée par une passion destructrice à un libertin, joué par Fu'ad Aït
Aattou, un acteur débutant au visage d'ange.
"Je voulais une photographie un peu
Renaissance italienne, matinée de Rembrandt", dit-elle, rendant hommage
au travail du chef opérateur qui la "suit depuis toujours, Yorgos
Arvanitis, un peintre de la peau et de la chair".
"Des fois on se dispute, mais qui ne se
dispute pas quand on s'aime ?", demande en souriant Catherine Breillat,
qui enchaîne les entretiens dans la fournaise, sur une terrasse du
Palais.
"La couleur du film,
je l'ai choisie aussi dans les boiseries, poursuit la réalisatrice. On
a tourné aux Archives nationales avec peu d'argent, alors on devait
filmer très vite, et j'y ai trouvé presque tous les décors du film".
Perfectionniste, elle a fait passer des essais filmés en costumes à chaque figurant du film, bien que certains n'apparaissent que quelques secondes.
"Je suis obsédée par le sens du détail: en
gros plan, on ne voit que le détail", explique-t-elle, "tous les
détails se sentent: un placage de marbre, on voit que ce n'est pas du
marbre".
Elle a fourni elle-même la plupart des costumes d'"Une vieille maîtresse", chinés en France et à l'étranger.
"Les dentelles sont d'époque, faites à la
main, j'en ai acheté depuis dix ans, les costumes du XVIIIe ottomans
brodés d'or à la main, je les avais depuis trente ans, comme les
boucles d'oreilles de la Vellini et les peignes anciens".
Catherine Breillat est ravie de revenir au cinéma,
trois ans après "Anatomie de l'enfer" et un accident cérébral qui
l'avait laissée à demi-paralysée, en surprenant avec un film d'époque
en costumes.
"Je me suis dit, je vais leur faire un bras d'honneur : je vais faire le film qu'ils n'attendent pas", dit-elle dans un sourire espiègle.
L'oeuvre de Catherine Breillat - "Sex is
comedy", "36 Fillette", "A ma soeur" - axée sur l'identité sexuelle et
le désir féminin, a comme une odeur de soufre depuis "Romance", avec la
star du cinéma porno Rocco Siffredi, qui avait manqué d'être classé X en raison d'une scène de sexe non simulé.
"J'en ai marre d'avoir une étiquette qui
ne me correspond pas, scandaleuse et sulfureuse, qui veut dire que
j'aurais été brûlée au Moyen-Age", dit-elle.
"Dans les pays anglo-saxons je suis +controversée+, j'aime beaucoup plus cela: la controverse, ça parle !".