Les assassins présumés d'un lord anglais clament leur innoce

Les assassins présumés d'un lord anglais clament leur innocence


Par Hervé CLERC



NICE (AFP) - L'épouse et le beau-frère
d'un riche aristocrate anglais, Lord Shaftesbury, assassiné en novembre
2004 à Cannes, ont clamé leur innocence mardi, au premier jour de leur
procès devant la cour d'assises des Alpes-Maritimes.
Mohamed M'Barek, 43 ans, est accusé
d'avoir assassiné son beau-frère, tandis que sa soeur Jamila, 45 ans,
comparaît pour complicité d'assassinat.

Les faits se sont produits le 5 novembre
2004. Selon la version de Jamila, une rixe a éclaté entre le lord, 66
ans, venu chez elle à Cannes pour parler de ses difficultés
financières, et son frère Mohamed. La bagarre a mal tourné, le frère a
serré le cou du lord trop longtemps et trop fort, et ce dernier est
passé de vie à trépas.
Dès l'ouverture du procès et alors que la
présidente, les juges et les jurés s'étaient brièvement retirés pour
laisser les journalistes prendre des photos, Mohamed M'Barek s'est
adressé à la presse pour souligner le caractère fortuit, selon lui, du
décès de l'aristocrate: "Je suis innocent, ma soeur est innocente,
c'est juste un accident. Ma richesse, ce sont mes enfants, j'aimais mon
beau-frère", a dit M. M'Barek.

"C'est un accident, j'étais sous l'influence de l'alcool et de la drogue -du cannabis que j'avais acheté en Suisse-,
cet accident s'est passé en une minute. J'ai tout fait pour le ranimer
mais il était trop tard", a-t-il déclaré ensuite devant la cour.
Mohamed M'Barek a mis sa soeur hors de
cause: "ma soeur est une victime. Elle n'a absolument rien à voir
là-dedans, je peux vous le jurer. Je suis le seul responsable dans
cette affaire".

L'accusation affirme que Lord Shaftesbury
qui souhaitait divorcer, a été attiré dans un traquenard et qu'il a été
assassiné, dans l'appartement de son épouse à Cannes, par les deux
accusés, afin de capter son héritage. Elle étaye la thèse de la
préméditation en faisant valoir que Mohamed M'Barek, qui se trouvait à
Cannes depuis le 2 novembre 2004, était rentré précipitamment à Munich
où il résidait, par un vol régulier le 4 novembre, puis était reparti
aussitôt à Cannes, en catimini au volant de sa voiture, dans la nuit du
4 au 5 novembre.
Interrogée par la présidente de la cour
sur cet aller-retour précipité où l'accusation voit un stratagème de
Mohamed pour se forger un alibi, Jamila a évoqué le caractère "fugace"
de son frère, un garçon qui aimait faire des surprises et qui avait en
commun avec son défunt mari d'être "imprévisible".
Moulée dans un chemisier blanc et un jean,
la chevelure colorée auburn, Jamila évoque les mois d'idylle avec le
lord: "j'aimais cet homme, il m'apportait beaucoup d'apaisement,
c'était un amant et un père pour moi".
Lord Shaftesbury avait toutefois un
penchant pour la boisson. Au bout de quelques mois de mariage, Jamila
qui croyait au départ pouvoir "gérer" ce problème, a dû déchanter: "mon
mari est parti à la dérive, il était ivre le matin, à midi et le soir.
C'était de pire en pire", a-t-elle dit.
L'après-midi, Mohamed M'Barek a demandé
pardon à la famille: "J'ai honte, je vis dans un cauchemar, il est
arrivé quelque chose d'incroyable, de choquant". "Je souhaite que la
famille de mon beau-frère Lord Shaftesbury me pardonne", a-t-il dit,
ajoutant à l'intention des parties civiles impassibles quelques mots en
anglais: "pardon, please, I love you, I am too sad" (pardon, s'il vous
plaît, je vous aime, je suis trop triste).
Verdict vendredi.