L'opération anti-Batasuna se traduit par une radicalisation

L'opération anti-Batasuna se traduit par une radicalisation au Pays Basque




L'opération
anti-Batasuna menée jeudi soir par la police espagnole sur ordre du
juge Garzon a entraîné une radicalisation dans les discours et les
actes au sein de la gauche indépendantiste basque qui a dénoncé samedi
une "déclaration de guerre" de la part de Madrid.
L'opération
policière qui a conduit jeudi soir à l'interpellation de 23 militants,
dont une partie de la direction de Batasuna, est "une déclaration de
guerre en bonne et due forme", a lancé samedi le principal dirigeant
encore en liberté de Batasuna, Pernando Barrena.
La
décapitation de la direction du parti indépendantiste radical, vitrine
politique du groupe armé ETA, a été suivie d'une multiplication des
actes de violence urbaine au Pays Basque (nord).
Samedi
matin, quatre personnes cagoulées ont mis le feu à un bureau de poste à
Lezo (Pays Basque, nord) tandis que non loin, à Pasai San Pedro, des
inconnus ont lancé dans la nuit, des cocktails molotov contre un
bâtiment officiel.
Vendredi soir, un groupe de
personnes cagoulées avait tenté de mettre le feu à un bus après avoir
fait descendre le chauffeur et les passagers, à Markina (Pays Basque).
Les
actes de guérilla urbaine ("kale borroka" en langue basque) attribués à
des jeunes indépendantistes radicaux sont réguliers au Pays Basque.
Leur recrudescence dénote cependant un regain de tension dans la région.
M.
Barrena qui avait convoqué une conférence de presse, samedi dans un
hôtel de Saint-Sébastien, en dépit de l'interdiction qui frappe son
parti, est apparu avec 80 autres dirigeants actuels ou passés du
mouvement indépendantiste.
Il a dénoncé le
"séquestre" des "23 militants de la gauche indépendantiste". Il s'agit
d'une "déclaration de guerre en bonne et due forme" pour "fermer la
porte à l'indépendantisme basque", a-t-il martelé.
Le
responsable a appelé "tous les indépendantistes et démocrates" à
"renouveler leur engagement" et à "poursuivre la lutte pour
l'indépendance et le socialisme".
"La
répression ne (nous) fera pas reculer dans la défense de ces objectifs"
a encore averti le leader de Batasuna qui est un mouvement nationaliste
d'inspiration marxiste-léniniste.
Au total, 23
militants indépendantistes, dont 19 membres de la direction de Batasuna
--parmi lesquels deux responsables basques français de Batasuna-- ont
été interpellés jeudi soir en pleine "assemblée clandestine" sur ordre
du juge Baltasar Garzon.
Ils seront présentés
dimanche matin au juge Garzon à l'Audience nationale --plus haute
instance pénale espagnole en charge du dossier basque-- à Madrid en vue
d'une probable mise en détention pour "récidive", selon une source
judiciaire.
Batasuna est un mouvement interdit
en Espagne. Il a été déclaré illégal en 2003 en raison de ses liens
avec le groupe armé ETA et toutes ses activités sont en principe
interdites.
Garzon a décidé de frapper la
direction de Batasuna "pour éviter la réorganisation" de ce parti après
la rupture de la trêve de l'ETA en juin 2007, a indiqué samedi une
source judiciaire.
D'après le haut magistrat,
cette "réunion clandestine" était l'occasion d'une passation de pouvoir
entre veille garde et nouvelle génération au sein du mouvement.
D'après
El Pais, journal proche du gouvernement socialiste, le ministère de
l'Intérieur et la justice ont décidé d'augmenter la pression sur
Batasuna pour "en finir avec le front politique de l'ETA".
Cette
analyse fait écho à des propos récents du chef du gouvernement. "L'ETA
n'a qu'une seule perspective qui est de déposer les armes", a déclaré
jeudi José Luis Rodriguez Zapatero, en fermant la porte à toute
discussion avec le groupe armé, après l'échec d'une tentative de
dialogue en 2006.