Deux Françaises jugées en Angleterre pour aide à l'immigrati

Les douaniers britanniques avaient découvert deux clandestins chinois dans le coffre de leur voiture.






SEMAINE cruciale pour deux Françaises incarcérées à Londres. Hanane
Cherigui, Franco-Marocaine de 27 ans, et Samia Bellazouz, une
Franco-Algérienne de 29 ans, soupçonnées d'appartenir à un réseau de
passeurs aidant des immigrants clandestins à entrer au Royaume-Uni,
sont jugées aujourd'hui par la Crown Court de Portsmouth.


Incarcérées depuis le 4 juin dernier, ces jeunes femmes originaires de
Seine-Saint-Denis doivent comparaître pendant quatre jours minimum
devant un jury de douze personnes et encourent une peine de quatorze
ans de prison. Selon leur avocat français, Me
Florent Hauchecorme, Hanane et Samia avaient décidé de s'offrir un
week-end de l'autre côté de la Manche avant le mariage d'Hanane prévu
trois semaines plus tard.


Le 2 juin, elles ont pris le ferry à Caen. Lors de l'arrivée à
Portsmouth, les douaniers ont découvert dans le coffre de leur voiture
deux Chinois sans papiers et 250 euros en liquide. Les deux jeunes
femmes affirment qu'elles ignoraient la présence des deux clandestins.
Les services de l'immigration les soupçonnent d'avoir - contre
rémunération - aidé les deux illégaux à passer la Manche.


Le contexte n'est pas favorable aux jeunes femmes. Ce n'est en effet
pas la première fois que les Britanniques découvrent des clandestins
cachés dans des véhicules de touristes français. « Entre mai et juillet dernier, nous avons eu trois cas similaires, reconnaît un policier français. Selon
les éléments dont nous disposons, il ne s'agit pas de filières
organisées. Mais nous surveillons pour être sûrs que des réseaux ne
prospectent pas dans les banlieues à la recherche de «mules» car les
passages en camion sont de plus en plus complexes ».


A Londres, l'opinion publique est très sensible au sujet de
l'immigration. Plusieurs tabloïds se sont inquiétés de la création d'un
nouveau « Sangatte » en Normandie avec les tentatives répétés
d'Irakiens essayant de rejoindre la Grande-Bretagne depuis Cherbourg. « Nous avons peur que les juges ne veuillent faire un exemple avec Hanane et Samia, s'inquiète Khaled, le fiancé d'Hanane, alors qu'elles sont totalement innocentes. »


«Aucun argument n'a porté»


Le magistrat a en effet refusé toutes les demandes de liberté
conditionnelle formulées par la famille depuis juillet. Les parents
d'Hanane avait pourtant loué une maison à Portsmouth et proposé le
versement d'une caution de 15 000 euros comme garantie de
représentation. « Hanane et Samia sont salariées dans des entreprises françaises, n'ont pas de dossier judiciaire, insiste Khaled. Pour l'instant aucun argument n'a porté ».


Les deux jeunes femmes ont le droit de recevoir une visite quotidienne
d'une heure. C'est le régime de la détention provisoire. En cas de
condamnation, les conditions d'incarcération seraient considérablement
durcies et elles ne pourraient recevoir leur famille qu'une fois par
trimestre.


« Les sanctions encourues
au Royaume-Uni dans le cadre de l'aide à l'immigration clandestine sont
beaucoup plus lourdes qu'en France, remarque Me Hauchecorne, où le patron d'une filière organisée risque dix ans au maximum et n'écope en général que deux ou trois ans de prison. »