Nadal, terre repetita

Même affiche, même punition ! Le scénario du remake de la finale des Internationaux de France 2006 n'a pas fait dans l'originalité. Dimanche, Rafael Nadal a remporté Roland-Garros pour la troisième année consécutive aux dépens de Roger Federer (6-3, 4-6, 6-3, 6-4).
Une 21e victoire de rang sur la terre de la Porte d'Auteuil, acquise
devant un numéro 1 mondial incapable de convertir ses nombreuses balles
de break, qui permet au Majorquin de marquer un peu plus le tournoi de
son empreinte, seul Björn Borg ayant fait mieux à ce jour.


Rafael Nadal a confirmé qu'il était imbattable sur la terre de Roland-Garros.
L'image
était saisissante. Après la balle de match, et pour la troisième année
consécutive, Rafael Nadal, ivre de bonheur, s'écroulait sur la terre du
court Philippe-Chatrier, tandis que Roger Federer, tête basse, se
dirigeait lentement vers le filet. Comme l'an passé, le Maître de
l'ocre dominait le numéro 1 mondial pour s'offrir un troisième titre
d'affilée Porte d'Auteuil, qui lui permet de rejoindre Björn Borg dans
l'histoire du tournoi. Le Suédois étant jusqu'ici le seul à avoir
réaliser le hat trick aux Internationaux de France. Nadal s'offre
également le luxe de succéder à Gustavo Kuerten, convié ce dimanche
pour remettre les trophées. Le Brésilien était en effet le dernier
joueur à avoir gagné trois titres à Roland-Garros (1997, 2000 et 2001).
Un triplé désormais réussi par le Majorquin, qui rejoint ainsi cinq
autres joueurs à avoir remporté au moins à trois reprises le Grand
Chelem parisien: Borg (6 titres), Cochet (4), Lacoste (3), Wilander
(3), Lendl (3) et donc Gustavo Kuerten.



Quelques instants après avoir été sacré, le numéro 2 mondial (depuis le
2 juillet 2005) pouvait livrer ses premières impressions: "C'est un rêve pour moi, j'ai travaillé dur pour arriver à ça. Oui, je crois bien que je suis invincible ici..."
Une 21e victoire d'affilée dans l'enceinte parisienne qui aura, en
revanche, privé Roger Federer de son rêve le plus fou: un Grand Chelem
à cheval sur deux années, lui qui restait sur des succès à Wimbledon et
l'US Open 2006, puis sur un sacre à l'Open d'Australie en 2007. Après
son échec de l'an passé face à ce même Nadal, le numéro 1 mondial revit
donc le même cauchemar. Roland-Garros échappe encore à son palmarès et
il ne deviendra pas (du moins pour l'instant) le 6e homme à s'offrir
les quatre tournois du Grand Chelem, après Agassi, Budge, Emerson,
Laver et Perry... Son compteur reste bloqué à 10 succès dans les
Majeurs et ses rêves de Grand Chelem réalisé sur une année s'envolent
également. La faute à un Nadal, intraitable, fidèle à lui-même, tapant
dans chaque balle comme si sa vie en dépendait.



Des balles de break qui s'envolent



Dans cette revanche, Roger Federer était pourtant le premier à se
distinguer, en se procurant ses premières balles de break à 2-1. Les
premières d'une longue liste dans cette première manche, puisque Rafael
Nadal sauva cinq nouvelles balles de break à 3-2. Dans la foulée, le
double tenant du titre s'emparait du service du Suisse sur un jeu blanc
(4-3), avant de faire face à trois nouvelles balles de break. Mais, là
encore, il parvint à les effacer pour remporter sa mise en jeu (5-3).
Sous pression, Federer céda alors son service et le set sur une
terrible accélération de coup doit du Majorquin (6-3) après 51 minutes
de jeu.



Alors que le public scandait des "Rodger" à tout va, le patron du
circuit commettait encore trop de fautes directes pour inquiéter son
rival. Mais, il repartait au combat se procurant trois nouvelles balles
de break à 3-3 (0/40). Cette fois, le Suisse, plus offensif, trouvait
enfin la faille pour s'emparer pour la première fois du service adverse
(4-3). Le poing serré, il recevait l'ovation du Central et cette fois,
c'est lui qui sauvait les balles de break (trois) pour conserver son
service (5-3). Plus incisif, il se procurait, immédiatement après, deux
balles de set à 15/40. Mais il en gâchera quatre au total, et Nadal
revenait à 5-4 après un jeu interminable.



Federer ne se découragea pas pour autant et égalisait à une manche
partout (6-4) sur une accélération un peu longue du tenant du titre. En
dépit de 20 fautes directes, contre 9 pour Nadal, le Suisse remettait
les pendules à l'heure, sous l'oeil noir de son rival... Ce dernier
venait de céder son premier set du tournoi. L'Espagnol ne deviendrait
donc pas le troisième joueur de l'histoire à brandir la Coupe des
Mousquetaires sans avoir abandonné une seule manche en route.



Nadal: "Je crois que je suis invincible ici"



Une alerte qui eut, paradoxalement pour effet de booster Rafael Nadal.
Le numéro 2 mondial breakait dès l'entame du troisième set pour mener
2-0, puis 3-0. Alors que le Suisse lâchait d'impressionnantes claques
de coup droit, le Majorquin ne pliait pas et se détachait 4 jeux à 1
sur un passing en bout de course. A 5-2, il se procura une balle de set
sur le service adverse, avant de partir à la faute. Sous le regard de
Justine Henin et Amélie Mauresmo, le tenant du titre ne flancha pas
pour remporter son service sur une accélération que Federer ne
parvenait pas à contrôler (6-3).



Coup dur pour le Suisse. Tête basse, il abandonnait à nouveau sa mise
en jeu à 1-1 dans le quatrième set sur un coup droit dans le filet
(2-1). Concentré sur son objectif, Nadal ne lâchait rien pour conserver
son break et mener 4 jeux à 2, puis 5-3. Alors que le Central se
manifestait dans sa plus grande globalité pour Roger Federer, celui-ci
ne donnait plus l'impression de pouvoir renverser la tendance. Un peu
résigné (1 seule balle de break convertie sur 17 !), le Suisse se
retrouva, sur son service, à deux points de la défaite à 30/30. Mais
dans un ultime sursaut d'orgueil, il parvenait à sauver son engagement
(5-4).



C'était alors à Nadal de jouer, en servant pour le match. Un jeu
parfaitement maîtrisé par l'Espagnol, qui décrochait la lune sur un jeu
blanc et sa première balle de match. Les deux hommes, très respectueux
l'un envers l'autre, pouvaient se congratuler. A 21 ans, le désormais
triple vainqueur des Internationaux de France entre encore un peu plus
dans l'histoire du tournoi. Lui qui avait déclaré avant la finale: "La pression est plus forte pour Roger que pour moi."
Le poids de l'histoire était en effet bien lourd à porter pour le
Suisse. Le numéro 1 mondial se retrouvera-t-il encore une fois dans ce
cas de figure ? La question mérite d'être posée...