Coup d'envoi du festival de Salzbourg avec "Titan"

Coup d'envoi du festival de Salzbourg avec "Titan" en apothéose




L'Orchestre
philharmonique de Vienne a donné vendredi soir le concert d'ouverture
du 87e Festival de Salzbourg, proposant un programme éclectique avec en
apothéose la symphonie "Titan" de Mahler, sous la direction de
l'Autrichien Franz Welser-Möst.
Les Wiener
Philharmoniker (littéralement les "Philharmonistes viennois") sont chez
eux chaque été dans la ville natale de Mozart - une rue, d'ailleurs, y
porte leur nom -, où ils ont introduit il y a 85 ans musique et opéra
dans un festival fondé deux ans plus tôt sous le signe du théâtre.
Cette
année encore, la vénérable phalange née il y 165 ans sera très présente
à Salzbourg, avec trois opéras et cinq programmes symphoniques répartis
sur dix concerts.
Et c'est à cet orchestre
qu'est revenu l'honneur d'ouvrir les festivités musicales, dans le
monumental Grosses Festspielhaus (Grand palais du festival) que le
maestro autrichien Herbert von Karajan a voulu à sa mesure et inauguré
en 1960.
La première pièce au programme,
presque contemporaine du lieu, est signée György Ligeti, compositeur
hongrois naturalisé autrichien décédé en 2006 et auquel le festival
2007 rend hommage à travers plusieurs concerts.
Le
Philharmonique de Vienne a joué "Lontano" (1967), oeuvre
micropolyphonique emblématique, avec une qualité instrumentale qui a
permis de donner forme à ce monde sonore mouvant, fait de peu
d'événements mais bien vivant, et dont le modernisme militant a suscité
un accueil poli du public salzbourgeois.
Sans
transition, les Wiener Philharmoniker ont offert au pianiste autrichien
Alfred Brendel le légendaire moelleux de leur écrin dans le troisième
concerto de Beethoven.
A 76 ans, le soliste
surprend par la relative dureté et la précipitation de son toucher, lui
qui a été encore récemment au disque (Philips) un excellent interprète
de ces pages, avec le même orchestre, sous la baguette du Britannique
Simon Rattle. Les spectateurs ont cependant ovationné ce fidèle des
lieux, qui signait vendredi sa 63e prestation au festival depuis 1960.
Le
chef a dû attendre la deuxième partie du concert pour donner la pleine
mesure de ses moyens, dans l'ample première symphonie, dite "Titan", de
Gustav Mahler.
Franz Welzer-Möst, 47 ans le
16 août, est la nouvelle baguette autrichienne que le monde s'arrache:
en poste à l'Opéra de Zurich et à l'Orchestre de Cleveland, il vient
d'être désigné pour 2010 directeur musical de l'Opéra de Vienne, dont
les meilleurs musiciens constituent les Wiener Philharmoniker.
Si
"FWM" n'a pas le charisme flamboyant de "Monsieur K" - surnom de
Karajan -, sa battue limpide et rigoureuse convient parfaitement à la
"Titan", dont il n'élude ni l'ironie, ni la tendresse, ni la force
tellurique.
Le Philharmonique de Vienne a
naturellement cette musique dans les doigts: Mahler fut son directeur
musical dans un temps où ce collectif soucieux de sa liberté avait
encore des chefs permanents, ce dont il peut aujourd'hui se passer sans
risques pour la qualité de ses concerts.