Incendies de forêt en Grèce, Athènes déclare l'état d'urgenc

Incendies de forêt en Grèce, Athènes déclare l'état d'urgence



Reuters

par Vassilis Triandafyllou ZACHARO, Grèce (Reuters) - Le gouvernement grec a décrété l'état d'urgence sur l'ensemble du
territoire en raison des plus graves incendies de forêt depuis des décennies. Au dernier décompte, 47 personnes ont péri dans les flammes, qui cernent de très nombreux villages
toujours isolés par le feu dans la péninsule du Péloponnèse. Pour le Premier ministre, Costas Caramanlis, qui a décrété l'état d'urgence, cette multiplication des
départs de feux "ne peut pas être une coïncidence". Il a prévenu samedi que les auteurs d'incendies
criminels seraient traqués et sanctionnés. "Les pouvoirs publics feront tout leur possible pour trouver les coupables et les punir", a prévenu le
chef du gouvernement dans une allocution télévisée à la Nation. Le tocsin a sonné dans de nombreux villages en cours d'évacuation où les habitants luttaient contre les
flammes avec de simples jets d'arrosage ou des seaux d'eau pour tenter de sauver leurs habitations. Les incendies ont éclaté vendredi dans le Péloponnèse, réduisant en cendres des milliers d'hectares de
forêt et d'oliveraies, avant de gagner du terrain, attisés par des vents violents qui gênent les efforts des
soldats du feu. "Nous n'avons eu le temps que de nous emparer de nos enfants, rien d'autre, alors que les flammes
arrivaient sur nous", a raconté à la télévision une habitante de la localité de Zacharo. Des incendies de forêt ont également éclaté près d'Athènes, contraignant des habitants à évacuer à la
hâte leurs habitations ainsi qu'un monastère. L'autoroute reliant la capitale grecque au principal aéroport
a dû être fermé pendant plusieurs heures. CENDRES DANS LE CENTRE-VILLE Une épaisse fumée noire a obscurci le ciel athénien, des cendres tombant dans les rues du centre-ville
au fur et à mesure de l'avancée des flammes en direction de la banlieue. Selon les sapeurs-pompiers, complètement débordés, on dénombre 47 morts, dont plusieurs enfants. On
craint de nouvelles victimes dans les nombreux villages toujours coupés du reste du pays par d'imposantes
murailles de feu. Deux touristes français figureraient parmi les morts selon des informations sur place, ce que le Quai
d'Orsay n'a pas confirmé. "Il est fort peu probable que les corps retrouvés soient ceux de nos
compatriotes", a-t-on souligné de source diplomatique. Pour la deuxième journée consécutive, les opérations de secours se heurtent à un vent puissant qui attise
les flammes sur de nombreux fronts par des températures caniculaires. A certains endroits, pompiers et
avions étaient dans l'impossibilité d'accomplir leurs tâches. Dans la région du Péloponnèse, un certain nombre de villages sont coupés des secours par un mur de
flammes qui s'étend sur 160 km de la mer Ionienne, sur la côte ouest du Péloponnèse, au Magne, à
l'extrême sud de la péninsule. Des responsables politiques ont interrompu leur campagne en vue des élections législatives du 16
septembre. Caramanlis, qui s'est rendu dans la région, a promis que l'Etat dédommagerait les victimes et s'est
engagé à financer un programme de reforestation. "Ce sont des moments difficiles pour nous tous", a-t-il
dit. Son gouvernement conservateur, accusé d'avoir réagi trop lentement à une série de feux de forêt
survenus pendant l'été, a vu sa cote de popularité chuter. 9.000 POMPIERS MOBILISES "En ce moment, la tâche principale est d'éteindre les feux et de remédier aux dégâts", a dit Caramanlis
à la presse après avoir consulté des responsables des services anti-incendie. Samedi, le Premier ministre a toutefois annoncé une série de mesures d'urgence pour venir en aide
financièrement aux zones sinistrées. De son côté, le Pasok (socialiste), première formation de l'opposition, a fait savoir qu'il offrait 30% de
son budget de campagne aux victimes des incendies. Selon son porte-parole, le président français Nicolas Sarkozy a téléphoné samedi au Premier ministre
grec pour l'assurer de "la solidarité" de la France et "pour lui confirmer la mise à disposition immédiate
des moyens de sécurité civile en hommes et en matériel". La France a dépêché en Grèce quatre avions Canadair et 60 pompiers sur place, a indiqué le
porte-parole de la Direction de la sécurité civile, le lieutenant-colonel Eric Soupra. De son côté, l'Allemagne a libéré trois hélicoptères et la Norvège un bombardier d'eau. Au total, environ 9.000 pompiers grecs sont mobilisés, aidés par un demi-millier de militaires, et
équipés de 1.800 camions de pompiers, avions et hélicoptères de lutte contre les incendies. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, s'est dit "attristé par la perte
tragique de vies humaines" et a appelé les membres de l'Union à se mobiliser. "C'est une tragédie", a déclaré un témoin à la télévision grecque. "Je vois les corps calcinés d'une mère
qui tient son enfant dans ses bras." La chaleur estivale et le vent ont aussi ranimé des incendies dans d'autres parties de l'Europe du Sud.