Grande-Bretagne: Gordon Brown renonce à des élections antici

Grande-Bretagne: Gordon Brown renonce à des élections anticipées




Le
Premier ministre britannique Gordon Brown a annoncé samedi qu'il n'y
aurait pas d'élections législatives anticipées à l'automne, mettant fin
à plusieurs semaines de suspense après une série de sondages
inquiétants pour le Labour.
Gordon Brown est
accusé dimanche par la presse britannique de s'être "dégonflé" en
refusant de convoquer des élections anticipées, une décision qui peut,
pour nombre de journaux, se révéler nuisible pour la suite de son
mandat.
Pour le Sunday Telegraph
(conservateur), le Premier ministre s'est mis sans nécessité dans une
situation difficile, après que les spéculations sur les élections
eurent été lancées uniquement pour faire peur à l'opposition,
conservatrice.
Cela a eu l'effet opposé,
estime le journal. "Pratiquement tout seul, monsieur Brown a réussi à
unifier le parti conservateur avec plus de succès que n'importe qui
depuis les succès électoraux de Margaret Thatcher", écrit le Sunday
Telegraph.
Pour l'Observer (centre gauche),
les conservateurs vont maintenant tenter de l'affubler du sobriquet de
"dégonflé", ce que le chef du gouvernement britannique "va détester",
mais qui "va lui faire mal à la fois politiquement et personnellement".
"Quelle
qu'ait été le plan d'origine, qui était peut être de pousser les Tories
(conservateurs) à révéler leur stratégie électorale, les pertes pour
les travaillistes sont été plus grandes que les gains", fait valoir de
son côté le journal dominical de droite Mail on Sunday.
Selon la BBC, M. Brown a exclu toute élection anticipée avant 2009.
"Je
ne vais pas convoquer d'élections", a déclaré M. Brown dans un extrait
d'une interview à la chaîne de télévision BBC. Un porte-parole du
Premier ministre a précisé qu'il n'y aurait pas d'élections "cet
automne".
Expliquant les raisons qui l'ont
poussé à renoncer à un scrutin pour le moment, M. Brown a déclaré: "Au
cours de cet été, nous avons eu à gérer des crises: la fièvre aphteuse,
le terrorisme, les inondations, les crises financières. Et oui, nous
aurions pu avoir des élections (anticipées NDLR) basées sur la
compétence... Mais ce que je veux, c'est montrer à la population la
vision que nous avons pour l'avenir de ce pays... et je souhaite avoir
la chance... de développer et de montrer à la population les politiques
qui vont faire une grande différence".
Andrew
Marr, journaliste vedette de la BBC qui a interrogé le Premier ministre
samedi à Downing Street, a précisé que M. Brown avait exclu des
législatives pour cette année "sauf circonstances extraordinaires".
"Il
a été plutôt clair pour dire qu'il n'y aurait pas d'élections l'année
prochaine non plus... Le Premier ministre ne dément pas qu'il pensait
sérieusement à (convoquer) des élections il y a deux semaines", a
ajouté M. Marr.
L'annonce intervient tandis
qu'une enquête d'opinion, à paraître dimanche dans le journal "News of
the World", montre que l'opposition conservatrice a réussi à réduire à
néant l'avance que détenaient jusqu'à présent les travaillistes dans
les sondages.
Les Tories ont même réussi à
renverser la vapeur, selon le sondage: les travaillistes perdraient
leur majorité à la Chambre des Communes si des législatives avaient
lieu actuellement.
Le sondage ICM, réalisé du
2 au 5 octobre sur 1.026 adultes, montre que les conservateurs mènent
dans 83 circonscriptions où la majorité du Labour est faible. Les
Tories y sont crédités de 44% des intentions de vote, contre 38% pour
les travaillistes. 49 députés travaillistes seraient ainsi battus,
entraînant la chute de plusieurs ministres.
Trois
récents sondages, publiés jeudi et vendredi, avaient déjà montré que
l'avance du Labour s'était réduite comme peau de chagrin, alors qu'elle
dépassait les dix points il y a quelques semaines encore.
Des
commentateurs ont imputé ce revirement au congrès annuel des
conservateurs à Blackpool (nord-ouest) et en particulier au discours de
clôture très remarqué, mercredi, de son chef de file David Cameron,
ainsi qu'à la promesse des Tories de relever le seuil de l'impôt sur
les successions.
"Je pense que le Premier
ministre a fait montre d'une grande faiblesse et d'indécision", a
déclaré M. Cameron à la BBC. "Il est tout à fait clair qu'il ne s'est
pas uniquement préoccupé de la conduite des affaires du pays ces
derniers mois, il a essayé de préparer le terrain en vue d'une campagne
pour des élections générales et maintenant il a battu en retraite de
façon humiliante", a-t-il ajouté.
Menzies
Campbell, responsable des libéraux-démocrates, troisième parti
britannique, a quant à lui estimé que Gordon Brown avait "perdu ses
nerfs".
Un échec électoral aurait été une
gifle cinglante pour Gordon Brown, quelques mois seulement après avoir
remplacé Tony Blair, en juin dernier. Son éventuelle démission l'aurait
de plus fait entrer dans l'histoire avec le titre peu enviable de
Premier ministre au mandat le plus court depuis 1827.
Rien
n'oblige M. Brown à convoquer un scrutin avant 2010 mais l'avance dont
les travaillistes bénéficiaient jusqu'à présent avait alimenté les
rumeurs sur un scrutin dès cet automne.