Ouverture du procès du drame du Queen Mary II à Saint-Nazair

Ouverture du procès du drame du Queen Mary II à Saint-Nazaire




Le
procès de l'accident de la passerelle du paquebot Queen Mary II, qui
avait fait 16 morts et 29 blessés en 2003, s'est ouvert lundi devant le
tribunal correctionnel de Saint-Nazaire, où les familles de victimes
avaient du mal à contenir leur émotion.
Le
tribunal juge jusqu'au 23 octobre les Chantiers de l'Atlantique,
constructeur du navire, et son sous-traitant Endel (filiale du groupe
Suez), constructeur de la passerelle, qui comparaissent comme personnes
morales aux côtés de quatre salariés de chaque entreprise pour
"homicides et blessures involontaires". Les prévenus encourent jusqu'à
trois ans d'emprisonnement ferme.
Les PDG des
Chantiers, Patrick Boissier, et d'Endel, Thierry Franck de Préaumont,
étaient présents lundi matin dans la salle d'audience.
"Je
voudrais que la justice soit faite", a expliqué à l'AFP Marlène
Cassard, l'une des victimes blessée dans la chute de la passerelle,
très émue avant le début du procès.
Dans un
groupe de dix personnes qu'elle et son mari avaient invitées à visiter
le paquebot, six sont décédées dont son mari, son frère et ses trois
meilleurs amis qu'elle connaissait depuis 50 années.
"Nous
sommes dans l'expectative depuis quatre ans. Nous voulons juste qu'ils
(les prévenus) disent: +oui j'ai fait une bêtise+, qu'ils prennent
leurs responsabilités", a précisé son fils, Eric Cassard.
Le
15 novembre 2003, une passerelle permettant d'accéder au Queen Mary II,
en cale sèche deux mois avant sa mise en service, s'était effondrée en
entraînant 45 personnes dans une chute de 18 mètres.
Les
victimes étaient des employés d'une entreprise de nettoyage venant
travailler à bord, et deux groupes d'invités de cadres des Chantiers
qui, selon la tradition, avaient pu convier des proches à visiter
l'immense navire de 345 mètres de long, alors plus gros paquebot du
monde.
Au début de l'audience, des rescapés et
des proches des victimes n'ont pu retenir leurs larmes lorsque les
images de la passerelle écrasée au fond de la cale sèche ont été
projetées sur un écran dans la salle d'audience.
Cette
passerelle avait été montée, la veille de l'accident, "sans plan et de
mémoire", a précisé le magistrat présidant les débats, Alain Le Dressay.
Les
deux entreprises, mises en cause par le rapport d'experts, se rejettent
la responsabilité de l'accident. Les Chantiers de l'Atlantique
soutiennent avoir fait confiance à leur sous-traitant, qu'Endel assure
que les Chantiers ont utilisé cette passerelle dans des conditions qui
n'étaient pas prévues. "Elle n'aurait jamais dû accueillir du public",
a affirmé avant l'audience Me Thierry Dalmasso, l'avocat d'Endel.
Plus
d'une quarantaine d'avocats sont présents à ce procès pour lequel près
de 130 parties civiles se sont constituées. Le jugement sera rendu
"dans quelques mois", a précisé M. Le Dressay.