Rice critique la "forte concentration de pouvoir"

Rice critique la "forte concentration de pouvoir" entre les mains de Poutine




La
secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a critiqué samedi la
"trop forte concentration de pouvoir" entre les mains de Vladimir
Poutine au lendemain du constat flagrant de désaccord entre Washington
et Moscou sur le projet de bouclier antimissile américain en Europe.
"C'est
un pays au milieu d'une grosse transition. Et cela a rendu les
relations américano-russes plus difficiles", a reconnu Mme Rice devant
les journalistes qui l'accompagnent dans sa tournée en Russie, puis au
Proche-Orient.
"Il y a beaucoup trop de
concentration du pouvoir au Kremlin", a déploré M. Rice, reprenant une
critique récurrente à l'égard du régime de Vladimir Poutine depuis son
arrivée au pouvoir en 2000.
"Tout le monde a
des doutes sur l'indépendance totale de la justice", a estimé la
responsable, qui s'était inquiété ces dernières années de l'utilisation
de la justice à des fins politiques notamment lors de l'arrestation et
du procès de l'ancien homme d'affaires et patron du géant pétrolier
Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski.
Dans la matinée,
la secrétaire d'Etat avait rencontré des défenseurs des droits de
l'Homme et appelé à plus de démocratie en Russie.
"Je
veux savoir comment (...) comment nous pouvons aider la Russie à bâtir
des institutions fortes qui aient ces valeurs universelles", a dit Mme
Rice.
Huit défenseurs des droits de l'Homme
assistaient à la rencontre, dont Lioudmila Alexeeva du Groupe Helsinki,
Tatiana Lokchina, directrice du centre Demos, Svetlana Gannouchkina,
Alexandre Brod du Bureau des Droits de l'Homme à Moscou et Vladimir
Loukine, délégué aux Droits de l'Homme du gouvernement russe.
Mme
Alexeeva, une des vétérans des droits de l'Homme en Russie, a expliqué
à l'issue de la rencontre avoir insisté sur la nécessité pour les pays
démocratiques de maintenir la pression sur la Russie.
"J'ai
dit que nous aimerions que lorsque les dirigeants des pays
démocratiques rencontrent nos dirigeants, ils soulèvent publiquement
les problèmes des droits de l'Homme en Russie et n'en discutent pas
simplement (entre eux)", a-t-elle indiqué à des journalistes.
Mme
Lokchina a indiqué avoir insisté sur le fait que les Etats-Unis avaient
perdu une partie de leur autorité morale et devaient "parler d'une même
voix avec l'Union européenne" dans leur critique du régime russe.
"Après
la guerre en Irak, le problème de Guantanamo et le scandale de la
prison d'Abou Ghraïb (...) les Russes disent +regardez ce qui vous
arrive, comment pouvez-vous nous critiquer ?+", a-t-elle dit.
Vendredi,
Mme Rice et le secrétaire américain à la Défense Robert Gates n'étaient
pas parvenus à trouver un accord avec leur homologues russes sur le
bouclier antimissile américain.
Le président
Vladimir Poutine leur a même battu froid dans une rencontre au Kremlin
en appelant Washington à mettre en suspens son projet de bouclier et en
menaçant d'abandonner un traité majeur sur les forces nucléaires
intermédiaires hérité de la Guerre froide.
Les
Etats-Unis souhaitent installer des éléments de leur bouclier en
Pologne et en République tchèque (des intercepteurs et un radar) pour
répondre à des menaces venant de "pays voyous" comme l'Iran. Mais la
Russie y voit une menace directe sur sa sécurité.
Samedi,
Robert Gates, s'exprimant devant des officiers russes, a pour sa part
assuré que le Pentagone n'avait pas l'intention d'installer des bases
en Géorgie et en Ukraine, deux pays de l'ex-URSS, la Russie
s'inquiétant quant à elle des projets d'extension de l'Otan dans son
ancienne zone d'influence.
Les Etats-Unis ne
déploieront pas de troupes dans ces deux pays "même s'ils y étaient
invités", a-t-il dit à l'Académie militaire de l'état-major russe.
Il
a aussi critiqué les ventes d'armes russes à l'Iran et la Syrie,
mettant en avant les "ambitions expansionnistes "de Téhéran et
soupçonnant Damas de servir de point de passage pour des livraisons
d'armes aux guérillas agissant au Liban.