L'Argentine élit présidente Cristina Kirchner, épouse du pré

L'Argentine élit présidente Cristina Kirchner, épouse du président sortant




L'Argentine
a élu présidente dimanche Cristina Fernandez de Kirchner dès le premier
tour d'une élection aux allures de référendum sur la gestion de son
mari, le président sortant Nestor Kirchner, dont le mandat a coïncidé
avec la prospérité retrouvée.
La sénatrice
Cristina Kirchner, 54 ans, engagée en politique sous la bannière du
péronisme aux côtés de son mari il y a plus de vingt ans, devient la
première femme élue présidente de l'Argentine.
Elle
a obtenu 44,8% des voix, devant une autre femme, la députée libérale
chrétienne Elisa Carrio (22,9%), selon des résultats quasi-définitifs
portant sur 96,36% des suffrages. L'ancien ministre de l'Economie
Roberto Lavagna, remercié par M. Kirchner en 2005, a obtenu de son côté
16,9% des suffrages.
"Nous avons largement gagné", a déclaré dimanche soir Mme Kirchner, aux côtés de son mari, adoptant un "nous" de circonstance.
Davantage
qu'une élection, le vote de dimanche a paru être une "réélection",
après quatre ans d'une croissance économique "à la chinoise" frôlant
les 9% par an et une stabilité politique retrouvée après les
soubresauts de la fin 2001. En pleine débâcle économique, cinq
présidents s'étaient alors succédé en moins d'un mois.
"L'Argentine
ne fait pas exception. Aucune société ne change son gouvernement quand
l'économie croît à un rythme vertigineux", analyse lundi Joaquin
Morales Sola, éditorialiste du quotidien La Nacion.
Tout
au long d'une campagne discrète, menée en grande partie à l'étranger,
Mme Kirchner ne s'est d'ailleurs guère montrée explicite sur la
politique qu'elle entend mener, se contentant de promettre la
continuité.
"Ces propositions se sont résumées à: davantage de la même chose", a jugé le politologue Sergio Berensztein.
Il
lui faudra néanmoins répondre assez vite aux aspirations des électeurs,
préoccupés par la hausse des prix mais aussi l'insécurité, un thème
qu'elle n'a pratiquement jamais abordé. D'autres défis l'attendent dans
le domaine économique, à commencer par la faiblesse des
investissements, et la pénurie énergétique.
Dans
son tout premier discours en tant que présidente élue, Mme Kirchner a
appelé dimanche soir au rassemblement de tous "sans rancoeur et sans
haine". Bien que n'ayant pas obtenu la majorité des suffrages, elle a
été élue dès le premier tour, grâce à la loi électorale qui donne la
victoire à un candidat obtenant 45% des voix ou 40% avec au moins 10%
d'écart.
"Elle a gagné grâce au vote
traditionnel péroniste" rassemblant les Argentins les plus défavorisés,
soit près du tiers de la population, mais "a perdu dans les grands
centres urbains, où se trouve la classe moyenne, et devra élargir sa
base pour assurer son autorité", juge à ce propos M. Berensztein.
Elle
sera la première présidente élue de l'Argentine, mais pas la première
présidente. Isabel Peron, troisième épouse du président Juan Peron,
avait été investie présidente en 1974 à la mort de son mari, alors
qu'elle occupait les fonctions de vice-présidente.
La
victoire de Mme Kirchner intervient un an après l'élection d'une femme
à la présidence dans un autre pays d'Amérique latine, Michelle Bachelet
au Chili.
Elue plusieurs fois députée et
sénatrice, Mme Kirchner, femme de caractère qui cultive l'élégance, a
déjà une longue carrière politique derrière elle.
Avocate
de formation, elle avait déjà triomphé il y a deux ans dans la province
de Buenos Aires, distincte de la capitale argentine, mais qui
représente à elle seule près de 40% de l'électorat. Elle y avait été
élue sénatrice en battant cette fois encore une femme, Hilda "Chiche"
Duhalde, épouse de l'ancien président Eduardo Duhalde.