Passe d'armes droite-gauche après les violences gare du Nord

PARIS (Reuters) - Les violences gare du Nord en pleine campagne électorale ont provoqué une nouvelle confrontation entre Nicolas Sarkozy et l'UMP d'un côté et la gauche et l'UDF de l'autre.
La remise aux gendarmes, par des agents
de la RATP, d'un voyageur dépourvu de titre de transport et s'avérant
être en situation irrégulière a dégénéré mardi en affrontements entre
policiers et groupes de jeunes jusque tard dans la nuit.

Treize personnes, dont cinq mineurs, ont été appréhendées par les forces de l'ordre.
Le nouveau ministre de l'Intérieur,
François Baroin, s'est rendu mercredi après-midi gare du Nord, où il a
constaté les dégâts provoqués dans une galerie marchande et a défendu
la politique de fermeté engagée depuis 2002.
"Ce message et cette politique de fermeté
impulsée depuis 2002 est une politique de fermeté qui sera conduite
dans cette période sensible où toute exploitation politique est
évidemment totalement déplacée", a-t-il dit aux journalistes.
François Baroin, suivi par quelques
dizaines de jeunes, a ajouté être venu "encourager et conforter
l'action des forces de l'ordre" sur le terrain et "s'assurer que les
personnes qui prennent le train puissent le faire en toute sécurité."

L'opposition de gauche a accusé son prédécesseur place Beauvau, Nicolas Sarkozy, d'avoir instauré dans le pays "une logique d'affrontement."
"En cinq ans d'un gouvernement d'une
droite qui avait fait de la sécurité son thème de campagne, on voit que
c'est l'échec sur toute la ligne", a estimé Ségolène Royal sur Canal+.

Le maire PS
de Paris, Bertrand Delanoë, a estimé que ces débordements, après la
crise de l'automne de 2005, "confirment notamment l'erreur magistrale
qu'a constituée la suppression de la police de proximité" par le
président de l'UMP.

Pour la candidate communiste Marie-George Buffet, les violences à la gare du Nord sont "une nouvelle illustration de l'échec de Nicolas Sarkozy" qui "a semé depuis plusieurs années les graines d'une situation explosive."

"PENSEE UNIQUE"
La Ligue communiste révolutionnaire s'est
indignée pour sa part de "la brutalité de l'intervention policière"
gare du Nord où les CRS "n'ont pas hésité à faire usage de gaz
lacrymogène au milieu de la foule, dans une gare bondée."

Arlette Laguiller,
candidate de Lutte ouvrière (LO), a estimé sur I-Télévision que ces
incidents étaient révélateurs d'un "sacré ressentiment dans cette
jeunesse".
"C'est une société qui a des tensions
extrêmement fortes, dans laquelle il y a des rancoeurs, (où) un certain
de nombre de catégories de jeunes et de moins jeunes ont le sentiment
d'être en affrontement avec d'autres catégories, comme les policiers",
a renchéri le candidat UDF, François Bayrou.

Nicolas Sarkozy
a répliqué que les incidents étaient les effets d'une "pensée unique"
et "post-soixante-huitarde" et non la conséquence d'un "climat" qui
régnerait en France.
"Ce n'est pas du tout un climat dans le
pays. C'est parce que depuis des années, une idéologie
post-soixante-huitarde a conduit à tolérer l'intolérable", a déclaré le
candidat de l'UMP gare du Nord, où il s'apprêtait à prendre un train
pour Lille.
Accueilli aux cris de "provocation"
lancés par quelques usagers, il s'est dit "du côté de ceux qui payent
leur billet de train et qui n'acceptent pas qu'on démolisse les gares".

Olivier Martinelli, directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen, a relié ces incidents à la politique d'immigration.
"Nous avons eu en 2005 des émeutes d'une
particulière gravité. Je crois que, malheureusement, elles se
reproduiront. Elles sont la conséquence directe d'une immigration chaotique et incontrôlée", a-t-il dit sur I-Télévision.

Philippe de Villiers,
candidat du Mouvement pour la France, a dénoncé l'action, plus
seulement en banlieue mais à Paris, de "bandes ethniques qui marquent
leur territoire le portable à la main."
Certains syndicats de police, comme
Synergie-Officiers, ont abondé dans le sens de l'ex-ministre de
l'Intérieur, déplorant que "certains professionnels de la bonne
conscience s'obstinent à idéaliser des 'jeunes'". "Le vrai divorce est
entre les policiers et les voyous", a déclaré son secrétaire général,
Bruno Beschizza.
D'autres, comme le SG-FO, s'inquiètent
d'un risque "d'hystérisation" des rapports entre les forces de l'ordre
et la jeunesse et appellent le futur gouvernement issu des élections de
juin à "renouer les liens entre la police et la population."
Selon la préfecture de police de Paris,
un premier groupe de plusieurs dizaines de jeunes s'était formé pour
protester contre la remise du voyageur, qui s'était rebellé contre le
contrôle des agents de la RATP.
La fréquentation importante de la gare et
de la galerie commerçante souterraine aurait ensuite favorisé le
"regroupement rapide de 300 personnes, dont le comportement serait
devenu "agressif" à l'encontre des forces de l'ordre.