Les militaires britanniques retenus en Iran ont été libérés

Les militaires britanniques retenus en Iran ont été libérés



TEHERAN (Reuters) - Les 15 militaires
britanniques capturés il y a 13 jours par l'Iran dans le Chatt al Arab
ont été libérés et seront rapatriés jeudi au terme d'une crise qui a
fait flamber les cours du pétrole mais a été in fine maîtrisée par les
diplomaties de Londres et Téhéran.

Leur libération a été présentée mercredi par le président Mahmoud Ahmadinejad
comme un "cadeau au peuple britannique" en dépit de l'"absence de
courage" dont le gouvernement de Londres a fait preuve en refusant de
reconnaître l'"erreur" qui a, selon lui, consisté à violer les eaux
iraniennes.
Les 15 matelots et fusiliers marins, dont
une femme, avaient été capturés par la marine des Gardiens de la
révolution dans le Chatt al Arab, le confluent du Tigre et de
l'Euphrate où court la limite mal établie entre les eaux territoriales
iraniennes et irakiennes.
Selon Londres, les quinze militaires à
bord de deux canots rapides venaient de mener à bien une opération de
contrôle d'un navire marchand dans les eaux irakiennes, en vertu d'un
mandat de l'Onu, quand ils se sont retrouvés encerclés par des vedettes
de Gardiens de la révolution armés jusqu'aux dents, auxquels ils ont
préféré se rendre sans résistance.

Le gouvernement britannique,
qui affirme que ses marins sont tombés dans un guet-apens, a exclu de
présenter des excuses pour une intrusion qu'il nie, comme Ahmadinejad
estime qu'il aurait dû le faire, et se serait seulement engagé à éviter
à l'avenir toute incursion délibérée dans les eaux iraniennes.

"CRIS ET VOCIFERATIONS"
Au lendemain de l'incident, Londres a
rameuté la communauté internationale, obtenant la solidarité du Conseil
de sécurité de l'Onu, de ses partenaires de l'Union européenne et de
son allié américain, mais s'attirant de Mahmoud Ahmadinejad le reproche de compliquer les choses par des "cris et vociférations".
De son côté, l'Iran a fait monter les
enchères en diffusant, à la grande indignation des autorités
britanniques, des images des militaires captifs, dont la femme, et de
leurs aveux à la spontanéité douteuse sur leur intrusion présumée dans
les eaux iraniennes.
Mais Londres, qui s'est gardé de parler
de prise d'otages, et Téhéran, qui a dit souhaiter simplement que les
autorités britanniques reconnaissent l'"erreur" de leur Royal Navy, ont
pris soin de maîtriser l'escalade et de conserver ouvert leur canal
diplomatique direct afin de s'efforcer de trouver un dénouement
acceptable par les deux parties.
Depuis dimanche, plus particulièrement,
les deux capitales affichaient leur souci de trouver une solution
pacifique et se gardaient de toute surenchère, laissant entrevoir une
issue imminente à la crise, en dépit du jusqu'au-boutisme de la presse
des deux pays.

Il semble que ce soit un contact à haut niveau entre Nigel Sheinwald, conseiller de Tony Blair, spécialiste du Moyen-Orient
et futur ambassadeur à Washington, et Ali Larijani, chef du conseil de
sécurité nationale iranien et négociateur de son pays sur le dossier
nucléaire, qui ait permis mardi soir de dénouer la crise, selon
l'agence de presse Irna.
"Ils seront libres après cette conférence
de presse et peuvent retourner dans leurs familles", a finalement
annoncé mercredi en milieu d'après-midi le président Ahmadinejad
en conseillant au Premier ministre Tony Blair de ne pas punir ses
militaires pour avoir "accepté de dire la vérité" sur leur intrusion
présumée.

MEDAILLES POUR LES RAVISSEURS
Le président iranien a ensuite reçu dans
son bureau, devant les caméras et dans une ambiance bon enfant, les
anciens captifs, souriants et habillés en civil pour l'occasion, allant
même jusqu'à plaisanter avec l'un d'eux sur "ses vacances forcées" à
Téhéran.
"Nous vous savons grandement gré de votre
clémence. Je tiens à vous remercier, vous et le peuple iranien", a dit
au président un marin, dont on ignore le grade et l'identité, les
caméras ne montrant que de dos les militaires britanniques, qui
devraient passer maintenant la nuit à leur ambassade.
Le président iranien, qui a profité de
l'occasion pour remettre des médailles à leur ravisseurs pour leur
"fait d'armes", n'a pas fait état publiquement d'une contrepartie de la
Grande-Bretagne en échange de la libération de ses hommes.

Celle-ci a été accueillie avec soulagement par les familles des anciens captifs et saluée rapidement par le gouvernement britannique, qui a dit se préoccuper dans l'immédiat des modalités de leur rapatriement.
Le Premier ministre Tony Blair a déclaré
à l'adresse du peuple iranien: "Nous ne vous en voulons pas". "Tout au
long (de cette affaire), nous avons adopté une approche mesurée, ferme
mais sereine, sans négocier mais non plus sans chercher la
confrontation", a-t-il dit à des journalistes devant sa résidence
londonienne.

Le président George Bush,
qui avait dénoncé une "prise d'otages inexcusable", s'est réjoui pour
Tony Blair, de même que le ministre allemand des Affaires étrangères,
Franz-Walter Steinmeier.

Les cours du pétrole, qui avaient atteint un plafond de six mois au plus fort de la crise entre la Grande-Bretagne et l'Iran, quatrième exportateur mondial de brut, ont commencé à refluer à l'annonce de son dénouement.