Fusillade sans précédent dans une université de Virginie

Fusillade sans précédent dans une université de Virginie




Par Patricia Zengerle
BLACKSBURG, Virginie (Reuters) - Deux
fusillades ont causé la mort de 32 personnes, lundi à l'université de
Virginie, et l'auteur de la seconde - et vraisemblablement aussi de la
première - tuerie s'est donné la mort après avoir provoqué le plus
sanglant carnage jamais commis dans un établissement scolaire aux Etats-Unis.

La plupart des victimes étaient des
étudiants assistant au cours dans un bâtiment de la Virginia Tech dont
le forcené avait apparemment condamné les portes à l'aide de chaînes,
empêchant les victimes de s'échapper, ont rapporté des responsables de
l'université et de la police.
Quinze personnes ont été blessées,
certaines par balles et d'autres en sautant par les fenêtres pour
tenter d'échapper aux tirs, ont précisé les autorités.

Un étudiant a déclaré à CBS News que le
tueur était un Asiatique d'environ 1 mètre 80 qui est entré dans son
cours d'allemand et a abattu un étudiant et un professeur avant de
tirer systématiquement sur pratiquement tous les étudiants présents
dans la classe.
"Je me suis caché sous le bureau et il a
commencé à tirer sur pratiquement tous les autres dans la classe", a
raconté Derek O'Dell, qui a été blessé par balle à la main. "Il y avait
probablement entre 15 et 20 personnes dans la classe et il a abattu
entre 10 et 15 d'entre elles".
L'homme, vêtu d'une veste en cuir noir et
coiffé d'un chapeau marron, a tiré à plusieurs reprises à l'aide d'un
revolver, l'a rechargé et a recommencé à tirer. Il a ensuite quitté la
salle mais est revenu sur ses pas et a tiré dans la porte avant de
repartir, a poursuivi O'Dell.
Le temps que les policiers arrivent au
deuxième étage du bâtiment, les tirs avaient cessé et ils ont par la
suite découvert le tireur mort dans une salle de classe.

UN SECOND TIREUR ?

La télévision a montré des images d'étudiants terrorisés et de policiers emmenant des victimes couvertes de sang.
Ces scènes de cauchemar, presque huit ans
jour pour jour après la tuerie du lycée de Columbine, en 1999, ne
manqueront pas de relancer le débat sur le port d'armes aux Etats-Unis.
Le massacre avait débuté deux heures
auparavant dans une résidence universitaire située à 800 mètres de là,
où un étudiant et une étudiante ont été tués, à l'heure où les
étudiants commençaient à se rendre à leurs cours.
La police a expliqué qu'elle n'avait pas
prévenu les étudiants du danger, ce qui lui a attiré de vives
critiques, parce qu'elle avait pensé qu'il s'agissait d'un incident
isolé et que le tueur avait quitté le campus.
Le chef de la police du campus, Wendell
Flinchum, a déclaré que, sous réserve de vérifications, les enquêteurs
connaissaient l'identité du tireur, mais il s'est contenté de dire
qu'il s'agissait d'un homme.
Il a ajouté que deux armes avaient été
retrouvées par la police et qu'une "personne de sexe masculin" liée aux
premiers tirs avait été interrogée par la police lorsque la seconde
fusillade a éclaté.

"Nous tentons de déterminer, en partie grâce à des tests balistiques, si les deux incidents sont liés", a poursuivi Flinchum.
Il avait précédemment dit qu'il semblait
n'y avoir qu'un seul tireur et le Washington Post écrit, en citant des
sources proches du maintien de l'ordre, que les deux fusillades sont le
fait d'une seule personne.

"IL ETAIT LA POUR TUER"
Les premiers tirs ont été signalés vers
7h15 à la police du campus au West Ambler Johnston Hall, une résidence
universitaire hébergeant environ 900 étudiants. Elle a été suivie de
tirs au Norris Hall, qui abrite l'Institut de Science.
Au cours des deux heures qui ont séparé
les deux fusillades, des étudiants se sont à nouveau aventurés sur le
campus et la police de l'université enquêtait sur les premiers tirs à
la résidence universitaire lorsqu'elle a été informée de la fusillade
dans le bâtiment de cours.
Interrogé sur la réaction de l'université
après les premiers tirs, Charles Steger, président de Virginia Tech a
répondu que les mesures pour alerter les étudiants ne pouvaient
atteindre les milliers de personnes circulant sur le campus en début de
journée.

"Nous n'avions aucune raison de soupçonner qu'un autre incident allait se produire", a plaidé Steger.
Mais certains étudiants se sont indignés
que des courriels mettant en garde contre la présence possible d'un
tireur n'aient été envoyés que plus de deux heures après la première
agression.
Un service religieux s'est tenu lundi
soir en présence d'un médecin urgentiste, Joseph Cacioppo, qui a
expliqué que les blessés présentaient plusieurs impacts de balle.
"Ce type était là pour tuer tout ce qu'il
rencontrait, pas seulement pour utiliser son arme, il voulait les
tuer", a dit le médecin. "Tous les gens que nous avons vus aux urgences
présentaient plus d'une blessure. La plupart en avaient trois".

Plus de 30.000 personnes succombent chaque année aux Etats-Unis
à des blessures par balles et le nombre d'armes aux mains de
particuliers est plus élevé que dans n'importe quel autre pays. Mais un
puisant lobby qui défend le droit à procéder des armes a empêché tout
renforcement du contrôle.

En 1999, deux élèves avaient tué 12 camarades et un enseignant avant de se donner la mort au lycée Columbine, dans le Colorado.
"Nous vivons dans une société où les
armes sont assez bien acceptées. Il y a 200 millions d'armes dans notre
société et à l'évidence, certaines d'entre elles sont en de mauvaises
mains", a commenté Jim Sollo, de l'association Virginiens contre la
Violence des Armes.
La Virginia Tech compte 26.000 étudiants
et une centaine de bâtiments répartis sur un campus d'un millier
d'hectares à Blacksburg, à 400 km environ de Washington.