L'UE et l'Iran seraient proches d'une "concordance de v

L'UE et l'Iran seraient proches d'une "concordance de vues"



ANKARA (Reuters) - L'Iran et l'Union
européenne se rapprochent d'une "concordance de vues" dans certains
domaines aux entretiens d'Ankara visant à sortir de l'impasse sur la
question du nucléaire iranien, a déclaré Ali Larijani, principal
négociateur de Téhéran sur le dossier.
Javier Solana, porte-parole de la
diplomatie européenne, a jugé que ces discussions étaient constructives
et s'étaient déroulées dans une bonne atmosphère, même si aucune
"grande avancée" n'était à attendre.

Les deux hommes, dont la rencontre a pris fin en début d'après-midi, se retrouveront dans deux semaines.
D'ici là, des représentants des six
grandes puissances qui cherchent une issue à la crise (les cinq membres
permanents du Conseil de sécurité et l'Allemagne) ainsi que de l'UE
doivent se retrouver le 2 mai à Londres pour passer en revue les
résultats du dialogue Solana-Larijani et envisager une possible
troisième résolution sur un durcissement des sanctions contre Téhéran.
A Washington, le département d'Etat
américain a dit avoir été tenu informé des discussions d'Ankara mais ne
pas être au courant de quelque "net progrès".
"Nous avons eu des discussions
transparentes et franches et de nouvelles idées sont apparues. Je ne
dirais pas qu'il s'agit d'idées totalement abouties, mais elles
permettront de continuer le dialogue. Nous devons leur donner plus de
temps", a dit Larijani à la presse à l'issue de la rencontre.
Prié de dire si Larijani et lui avaient
évoqué une suspension limitée du processus d'enrichissement d'uranium
par Téhéran, en guise de compromis pour permettre des négociations,
Solana est resté vague:
"Nous ne sommes pas entrés dans des
discussions précises de cette nature. Nous sommes restés en termes
généraux. Des progrès ont été réalisés. Comme vous le savez, la
situation est difficile".
Larijani, auquel on posait la même
question, a répondu en ces termes: "Cette idée-là est une vieille
supposition. Si vous n'allez discuter que d'une suspension, il ne vous
reste aucune autre question à résoudre par la négociation".
Larijani et Solana s'étaient exprimés
lors d'une conférence de presse dans la capitale turque dans la
matinée, avant la reprise de leurs discussions entamées mercredi soir.
Il s'agit de leur première rencontre
depuis deux mois et donc depuis l'adoption, en mars, de la deuxième
résolution du Conseil de sécurité de l'Onu condamnant la poursuite du
programme iranien d'enrichissement d'uranium.
Le point essentiel du contentieux entre
l'Iran et les puissances occidentales demeure le refus de Téhéran de
suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium.

TEHERAN MENACE
L'Iran et les puissances occidentales,
estiment certains diplomates et analystes, pourraient accepter à terme
une suspension partielle de l'enrichissement, dans le cadre
d'inspections de l'Onu, afin de sortir le dossier de l'impasse. Pour
l'heure, les deux parties ont publiquement démenti une telle hypothèse.
Larijani et Solana ont laissé entendre
aux journalistes que des progrès avaient été réalisés pour tenter de
prendre en compte l'aspiration de Téhéran à se doter d'un secteur
nucléaire civil tout en apaisant la peur des puissances occidentales de
voir Téhéran fabriquer secrètement des bombes atomiques.
"Je crois que dans certains secteurs,
nous sommes proches d'une concordance de vues. Il s'ensuit que la
meilleure méthode consiste à régler toutes les questions par des
négociations fondées sur le droit et les règles internationales", avait
dit Larijani dans la matinée.
"Les inspections de l'Agence
internationale de l'énergie atomique doivent se poursuivre et le Traité
de non-prolifération prévaloir. Ce sont là de bons cadres favorisant la
concordance de vues des deux parties", a-t-il ajouté.
Les diplomates estiment que la clé d'une
avancée serait la définition d'une forme de suspension des activités
d'enrichissement susceptible d'être acceptée par les deux parties.
Parallèlement à la rencontre d'Ankara, un
responsable iranien a assuré jeudi à Téhéran que la République
islamique n'hésiterait pas à s'en prendre aux intérêts américains dans
le monde entier et frapperait Israël si elle était attaquée en raison
de son programme nucléaire.
"Aucun lieu ne serait sûr pour l'Amérique
avec les missiles à longue portée (de l'Iran)... nous pouvons tirer des
dizaines de milliers de missiles par jour", a dit Mohammad Baqer
Zolghadr, vice-ministre de l'Intérieur chargé des questions de
sécurité. "Avec les missiles à longue portée, l'Iran peut aussi menacer
Israël en tant qu'allié de l'Amérique", a-t-il ajouté.
Téhéran fait valoir que ses missiles
Shahab-3, d'une portée de 2.000 km, peuvent atteindre Israël et les
bases américaines dans le Golfe.