Le vice-président américain à Bagdad, 14 morts à Erbil

Le vice-président américain à Bagdad, 14 morts à Erbil





BAGDAD
(Reuters) - Le vice-président américain Dick Cheney a rencontré
mercredi des dirigeants irakiens à l'occasion d'une visite inopinée à
Bagdad, qui pourrait être l'occasion de manifester l'impatience
grandissante de Washington face au manque de progrès du gouvernement de
Nouri al Maliki.
Au Kurdistan, région généralement
épargnée par le gros des violences qui ensanglantent le reste de
l'Irak, un attentat au camion piégé a fait 14 morts et 87 blessés dans
la ville d'Erbil, ont rapporté les autorités.

Cheney effectue une visite en Irak dans
le cadre d'une tournée au Proche-Orient au cours de laquelle il devrait
probablement accentuer la pression sur le gouvernement du Premier
ministre chiite pour qu'il accélère la mise en place de réformes clés,
concernant notamment le partage des revenus du pétrole ou le retour
dans l'appareil d'Etat d'ex-baasistes.
Ces réformes sont considérées comme
essentielles par Washington pour permettre la réconciliation entre les
différentes communautés irakiennes et faire cesser les violences
interconfessionnelles.

"Il se passe beaucoup de choses. C'est un
moment important. Il y a beaucoup de sujets à aborder", a déclaré
Cheney avant sa rencontre avec le général David Petraeus, qui commande
les 150.000 soldats américains déployés en Irak.
Le président américain George Bush, qui a
décidé l'envoi de 30.000 soldats supplémentaires pour renforcer
l'importante opération de sécurité menée par les forces américaines et
irakiennes à Bagdad, est l'objet de vives pressions de la part de son
opposition démocrate qui réclame un calendrier de retrait des troupes.
Bush est par ailleurs confronté à la
lassitude croissante d'une opinion publique américaine majoritairement
favorable à un retrait des troupes.

Selon un sondage USA
Today/Gallup publié mercredi, six Américains sur dix sont favorables à
un calendrier de retrait des troupes bien qu'une nette majorité d'entre
eux s'attendent à ce que ce départ entraîne une guerre civile en Irak.
Seulement 36% des personnes interrogées
estiment que l'armée américaine devrait rester en Irak jusqu'à ce que
la situation s'améliore.

SIX AMÉRICAINS SUR DIX
Cette enquête d'opinion révèle par
ailleurs qu'une majorité d'Américains s'attendent à ce que leur pays
soit de nouveau la cible des terroristes, que l'armée américaine se
retire ou non d'Irak en 2008.
"Si les troupes américaine se retirent
l'année prochaine, 68% prédisent une guerre civile, 66% estiment que
l'Irak va servir de base à Al Qaïda et 55% s'attendent à de nouveaux
attentats contre les Etats-Unis", rapporte USA Today.
"Si les troupes américaines restent, 47%
prédisent une guerre civile en Irak, 47% estiment que l'Irak deviendra
une base pour Al Qaïda et 51% s'attendent à de nouvelles attaques
terroristes contre les Etats-Unis", poursuit le périodique.
Lors d'une visite à Bagdad le mois
dernier, le secrétaire d'Etat américain à la Défense Robert Gates avait
déjà prévenu que le maintien d'un nombre important de troupes en Irak
dépendrait des progrès dans l'adoption d'une série de lois sur le
partage du pouvoir entre les différentes communautés irakiennes.
La journée de mercredi a par ailleurs été
marquée par un attentat au camion piégé, qui a fait 14 morts et 87
blessés à Erbil, dans le nord du pays, selon le dernier bilan
communiqué par le ministre des Affaires intérieures du Kurdistan, Karim
Sindjari.
Selon Abdoul Khalek Talat, le chef de la
police d'Erbil, la déflagration, qui a ébranlé le centre de la capitale
du Kurdistan, a été provoquée par l'explosion d'un camion contenant 800
kg d'explosifs cachés par des produits d'entretien ménager.

L'attentat s'est produit non loin d'un bâtiment abritant le ministère de l'Intérieur du gouvernement régional kurde.

La télévision a montré des soldats et des policiers kurdes extraire les blessés des ruines d'un bâtiment.

L'explosion a endommagé plusieurs immeubles ainsi que des véhicules et laissé un immense cratère au milieu de la route.
"J'étais près du lieu de l'explosion.
J'ai vu des flammes s'échapper de l'endroit où s'est produite la
déflagration. Un homme est mort brûlé vif", a rapporté un témoin.
Le Kurdistan, qui regorge de pétrole, a
été jusque-là relativement épargné par les violences. En mai 2005, un
kamikaze avait tué une soixantaine de personnes au siège du Parti
démocratique du Kurdistan (PDK) à Erbil. L'attentat avait été
revendiqué par un groupe sunnite.