Violences politiques au Pakistan: au moins quinze morts

Violences politiques au Pakistan: au moins quinze morts


Par Mazhar ABBAS



KARACHI (AFP) - Au moins quinze personnes
ont été tuées samedi à Karachi (sud du Pakistan) lors de heurts qui ont
éclaté entre groupes politiques rivaux avant d'importantes
manifestations liées à la venue de l'ex-président de la Cour suprême,
Iftikhar Mohammed Chaudhry, limogé par le pouvoir.
"Au moins douze personnes sont mortes dans
des heurts qui se poursuivent dans sept différentes secteurs de la
ville, et trois autres ont été tuées plus tôt au cours d'attaques
ciblées", a indiqué à l'AFP une source au sein des services de sécurité.

"Il y a beaucoup d'endroits où des blessés
gisent sur la route alors que les les ambulances ne peuvent pas arriver
jusqu'à eux", a ajouté cette source sous le couvert de l'anonymat.
Un policier figure parmi les morts.
Quelque 15.000 policiers et membres de forces paramilitaires avaient été déployés pour prévenir des violences.
"La situation est extrêmement grave. Nous
avons reçu des informations faisant état de coups de feu tirés dans
plusieurs endroits de la ville", a indiqué à l'AFP un policier de
Karachi, Javed Munir.
Selon un photographe de l'AFP sur place,
des membres du Muttahida Qaumi Movement (MQM), la plus grande formation
pro-Musharraf à Karachi, ont échangé des tirs avec des militants du
Parti populaire du Pakistan (PPP, opposition) de l'ancien Premier
ministre Benazir Bhutto en exil.
Ces affrontements ont duré au moins une heure et demie, a-t-il dit.
"Nos militants ont été attaqués de
plusieurs côtés. Ils ont été encerclés, assiégés et plusieurs d'entre
eux sont blessés mais il n'y a aucune ambulance disponible pour les
emmener à l'hôpital", a affirmé le porte-parole du PPP, Sherry Rahman.
On pouvait également voir des images de la
télévision locale montrant un panache de fumée noire au dessus de la
Karachi où vivent plus de 12 millions de personnes.
Lors d'un autre incident survenu plus tôt
dans la matinée, trois militants d'opposition ont été tués par balles
par des inconnus. Selon la police deux des victimes ont été abattues à
Karachi alors qu'elles suspendaient une pancarte de bienvenue pour
célébrer la venue du juge Chaudhry, limogé le 9 mars par le général
Musharraf pour "inconduite et abus d'autorité".
Un troisième militant a été tué par deux
assaillants à moto dans le district voisin de Malir où il prenait part
à un rassemblement d'opposition.
Le juge Chaudhry était toujours bloqué
samedi matin à l'aéroport de Karachi où des partisans du gouvernment
ont bloqué les axes routiers.
Depuis son limogeage par le pouvoir, le 9
mars, l'ex-président de la Cour suprême du Pakistan, le juge Chaudhry,
est devenu un symbole de l'opposition au pouvoir militaire incarné
depuis huit ans par le général Musharraf.
Sa mise à pied a provoqué de multiples
manifestations des milieux judiciaires et de l'opposition, des partis
islamistes aux partis laïcs des anciens Premiers ministres Benazir
Bhutto et Nawaz Sharif.
Alors que l'opposition dénonce la
manoeuvre du général Musharraf pour se débarrasser du premier magistrat
du pays à l'approche des élections de fin d'année, le régime accuse
l'opposition de politiser une affaire strictement judiciaire.