Le président ukrainien revendique le commandement des forces

par **@lex** Ven 25 Mai - 20:23

Le président ukrainien revendique le commandement des forces armées dépendant du ministère de l'Intérieur

KIEV,
Ukraine (AP) - Nouvelle escalade dans la crise politique en Ukraine: le
président Viktor Iouchtchenko a décidé vendredi de prendre le contrôle
des troupes du ministère de l'Intérieur, invoquant la nécessité de se
défendre contre certaines "forces politiques" menaçant la "sécurité
nationale". Un décret que le ministère de l'Intérieur a aussitôt
qualifié d'"illégal".
La décision du chef d'Etat ukrainien
marque un épisode de plus dans son affrontement avec le Premier
ministre, Viktor Ianoukovitch.
Selon un communiqué diffusé
sur le site Internet de la présidence, l'ordre de Viktor Iouchtchenko
de placer sous son commandement les forces armées dépendant du
ministère de l'Intérieur est nécessaire pour "empêcher" une utilisation
de ces troupes "dans l'intérêt de certaines forces politiques qui
représentent une menace pour la sécurité nationale". Konstantin
Stogniy, porte-parole du ministère, a jugé cette décision "illégale",
estimant qu'exécuter cet ordre serait un "crime".
Les
troupes du ministère de l'Intérieur sont dirigées par le général
Oleksandr Kihtenko, considéré comme un allié du chef d'Etat. D'après
Viktor Bondar, conseiller de M. Iouchtchenko cité par l'agence
Interfax, le commandement s'est dit prêt à respecter l'ordre
présidentiel concernant les 32.000 membres des forces armées et non les
220.000 policiers sous contrôle du ministère. L'information n'a
cependant pas été confirmée dans l'immédiat.
La crise
politique s'est amplifiée jeudi en raison de la décision de M.
Iouchtchenko de limoger le procureur-général, Svyatoslav Piskoune, au
motif que ce dernier, membre du Parlement, pouvait simultanément
assumer la fonction de procureur en chef.
Le ministère de
l'Intérieur, dirigé par un proche de Viktor Ianoukovitch, a réagi en
déployant des policiers anti-émeutes autour du bureau de M. Piskoune,
membre du parti du chef du gouvernement.
"C'est à nouveau
une violation de la Constitution et prendre une telle décision est
inacceptable", a déclaré M. Ianoukovitch lors d'une réunion
extraordinaire de son gouvernement.
Contestant dans un
premier temps la décision présidentielle, M. Piskoune a de son côté
précisé qu'il démissionnerait une fois l'ordre officiellement publié,
ce qui a été fait vendredi. Mais on ignorait dans l'immédiat s'il
reconnaissait la décision.
De fait, ce limogeage a accru
des tensions déjà vives depuis la dissolution le 2 avril par Viktor
Iouchtchenko du Parlement et la convocation de législatives anticipées,
M. Ianoukovitch et sa coalition tentant selon lui d'usurper son pouvoir.
Le
Parlement, où la coalition du Premier ministre est majoritaire, a défié
l'ordre présidentiel, le qualifiant d'anticonstitutionnel.
La
décision de M. Iouchtchenko de dissoudre le Parlement a entraîné, des
semaines durant, querelles et manifestations réunissant respectivement
des partisans du président et du Premier ministre. Cependant, aucun
trouble n'a éclaté.
M. Iouchtchenko, partisan d'un
rapprochement avec l'UE et l'OTAN- et M. Ianoukovitch sont convenus de
respecter la décision de la Cour constitutionnelle concernant l'ordre
de dissolution. Mais les délibérations de la cour ont été compliquées
par la décision du président de limoger plusieurs des juges qui en sont
membres.
Dans un communiqué diffusé à Bruxelles, la
commissaire européenne aux affaires extérieures Benita Ferrero-Waldner
a appelé "toutes les forces politiques" ukrainiennes à "trouver un
compromis politique viable" pour sortir de "l'impasse politique" et à
"s'abstenir de toute action" susceptible "d'exacerber la situation"
notamment par un recours à la force. AP