La junte birmane prolonge d'un an la détention d'Aung San Su

par **@lex** Ven 25 Mai - 20:23

La junte birmane prolonge d'un an la détention d'Aung San Suu Kyi

RANGOON (AP) - Ignorant les appels de la communauté internationale
en faveur de la libération d'Aung San Suu Kyi, la junte militaire au
pouvoir en Birmanie a prolongé vendredi d'un an l'assignation à
résidence de l'opposante et prix Nobel de la paix, détenue chez elle
sans interruption depuis le 30 mai 2003.
Le mandat expirait
dimanche et des responsables birmans se sont rendus vendredi au
domicile de la dissidente pour lui signifier la poursuite de sa
détention pour une cinquième année consécutive, a déclaré un
responsable du gouvernement birman sous le couvert de l'anonymat. La
junte ne fait habituellement pas d'annonce officielle pour ce type de
décision.
La dissidente et prix Nobel de la paix 1991 a passé
11 des 17 dernières années en détention et est interdite de
communications téléphoniques avec l'extérieur. La prolongation de son
assignation à résidence était largement attendue, bien que de
nombreuses voix se soient élevées dans le monde pour demander sa
libération.
C'est une décision "très regrettable", a commenté Paulo Sergio Pinheiro, expert indépendant de l'ONU
sur les droits de l'Homme en Birmanie. Le régime militaire birman
"continue à détenir 1.200 prisonniers politiques, dont les principaux
membres de l'opposition", précise-t-il.
Washington a renouvelé
vendredi son appel à la libération de Mme Suu Kyi, invitant les
autorités birmanes à s'engager enfin "dans un processus sérieux de
réforme constitutionnelle". La Ligue nationale pour la démocratie
(LND), le parti de Mme Suu Kyi, n'était pas en mesure dans l'immédiat
de confirmer la décision de la junte.
Une voiture aux vitres
teintées est entrée dans la propriété de la chef de file de
l'opposition birmane dans l'après-midi, selon des témoins. L'identité
des personnes à bord du véhicule était inconnue, mais il y avait peu de
doute qu'il s'agissait de responsables de la junte, Mme Suu Kyi n'ayant
pas le droit de recevoir des visiteurs.
Ils sont restés une
dizaine de minutes. Le mandat d'assignation à résidence entre en
vigueur au moment où il est lu à la personne concernée. Mme Suu Kyi est
privée de liberté depuis que son cortège motorisé a été attaqué par une
foule hostile, le 30 mai 2003, lors d'une tournée politique dans le
nord du pays. Le pouvoir la considère comme une menace à l'ordre public.
La
junte est restée sourde aux nombreux appels lancés dans le monde en
faveur de sa libération et a harcelé et interpellé ses partisans
locaux. Jeudi, l'Union européenne
avait "fermement réitéré son appel" à la libération de Mme Suu Kyi et
des autres prisonniers politiques. La veille, l'Association des nations
d'Asie du sud-est
(ASEAN), forum de dix pays auquel appartient la Birmanie, avait rompu
avec sa politique habituelle de non ingérence, en exhortant les
généraux birmans à libérer la dissidente.
La semaine dernière, les anciens présidents américains George Bush
père, Jimmy Carter et Bill Clinton, et les anciens Premiers ministres
britanniques John Major et Margaret Thatcher ont également adressé une
lettre en ce sens au général Than Shwe, le chef de la junte.
Selon Larry Jagan, journaliste basé à Bangkok
spécialiste de la Birmanie, la situation de Mme Suu Kyi ne changera
sûrement pas tant que la Convention nationale birmane n'aura pas fini
de rédiger une nouvelle Constitution. Et probablement pas avant que la
nouvelle loi fondamentale soit soumise à référendum et que des
élections soient organisées, un processus qui peut prendre trois ou
quatre années supplémentaires.
La convention constitue la
première phase de la "feuille de route vers la démocratie" en sept
étapes de la junte, qui est censée déboucher sur des élections libres à
une date non précisée. La junte militaire a pris le pouvoir en 1988,
après avoir écrasé un mouvement démocratique. Elle a refusé de quitter
les affaires après la victoire du LND à des élections générales en 1990.
Les
Nations unies, l'Union européenne et les Etats-Unis demandent
régulièrement la libération de Mme Suu Kyi et celle des autres
prisonniers politiques en Birmanie. AP