Justice: 25 ans requis contre l'épouse et le beau-frère de L

NICE (AFP) - L'avocat général a requis vendredi devant la cour d'assises des Alpes-Maritimes
25 ans de réclusion criminelle contre l'épouse et le beau-frère de Lord
Anthony Shaftesbury, riche aristocrate anglais tué à Cannes en novembre
2004.

L'avocat général, Jean-Louis Moreau, a assorti ses réquisitions d'une peine de sûreté de 18 ans.

Au quatrième et dernier jour du procès, il
a dénoncé devant les juges "un crime crapuleux": "Nous ne sommes pas en
face d'un crime passionnel. Il s'agit d'un crime crapuleux, d'un crime
par cupidité, d'un crime par avidité", a lancé Jean-Louis Moreau.
Il a toutefois reconnu des circonstances
atténuantes aux accusés, en raison de leur enfance assombrie par un
père "particulièrement violent" et alcoolique.
Mettant en lumière les variations
continuelles dans les déclarations des accusés, l'avocat général a
estimé qu'il n'y avait aucun doute, ni sur le mobile du crime, ni sur
la préméditation.
Il a rappelé que le comte, âgé de 66 ans,
voulait divorcer et se remarier, ce qui aurait automatiquement entraîné
l'annulation des clauses de son testament en faveur de Jamila qui
redoutait "une catastrophe financière".
Parmi les éléments étayant une
préméditation, il a mis en avant l'aller-retour précipité effectué par
Mohamed M'Barek entre Cannes et Munich, la veille du crime, et le soin
pris par ce dernier pour laisser des traces bien visibles de son
passage à Munich où il résidait, dans le but de se forger un alibi.
Plus tôt dans la journée, Mohamed M'Barek
avait réaffirmé que Lord Shaftesbury était décédé accidentellement au
cours d'une bagarre survenue dans l'appartement de sa soeur, le 5
novembre 2004.
"C'est pas un complot, c'est pas un
contrat, ma soeur est innocente. Il n'y a pas de preuves, juste des
articles (de presse, ndlr). C'est pas parce que je m'appelle
Mohamed..., c'est un accident!", avait dit l'accusé, dont la soeur a
effectué plusieurs versements d'argent à son intention après la
disparition du comte.
En fin de matinée, le fils du Lord,
Nicholas Ashley Cooper, appelé à la barre, s'est adressé à Mohamed
M'Barek, d'une voix grave et ferme, dans un silence absolu: "Je
n'accepte pas vos excuses, je ne vous pardonne pas, je ne vous
pardonnerai pas aussi longtemps que vous ne reconnaîtrez pas le meurtre
de mon père".
Au premier jour de l'audience, Mohamed
M'Barek avait présenté ses excuses aux membres de la famille de la
victime, affirmant qu'il les "aimait".
S'adressant ensuite à Jamila, Nicholas
Ashley Cooper l'a accusée de n'avoir jamais aimé son père: "je crois
que vous ne l'avez jamais aimé. Je crois que vous êtes manipulatrice,
calculatrice, diabolique. Vous avez provoqué la mort d'un homme
innocent. J'espère que le jury vous donnera la peine appropriée pour ce
crime", a dit le jeune homme.
Jeudi, un expert psychiatre, brossant le
portrait de Mohamed M'Barek, l'a décrit comme "une personnalité
psychopathique, égocentrique et incapable d'empathie".
Nicholas Ashley Cooper a évoqué de son
côté la vulnérabilité de son père, "un homme bon, a-t-il dit, qui
souffrait d'alcoolisme et de dépression".
"Il buvait pour échapper à la réalité. En
vieillissant il est devenu de plus en plus vulnérable. Il essayait
d'obtenir de l'affection par l'argent, en offrant des cadeaux. Les gens
se servaient de mon père".
Le verdict est attendu dans la soirée.