Pentecôte: journée chômée et travaillée

par **@lex** Lun 28 Mai - 15:16

Pentecôte: journée chômée et travaillée

PARIS (AP) - Le ministre du Travail et des Relations sociales Xavier
Bertrand a promis lundi une évaluation "sans tabou" de l'organisation
de la Journée de solidarité avec les personnes âgées et handicapées, afin d'"améliorer" les choses. Le PS
s'est engagé de son côté à "revenir" sur cette "obligation de
travailler plus pour gagner moins" synonyme de "corvée" et de "travail
gratuit" pour les salariés.
La troisième édition de la Journée
de solidarité a à nouveau coupé la France en deux lundi avec un pays
partagé entre ceux profitant d'un week-end prolongé et les autres
travaillant.
Cette journée fait d'autant plus polémique que
Pascal Champvert, président de l'Association des directeurs
d'établissement d'hébergement des personnes âgées (ADEHPA), estime que
les moyens dégagés "ne suffiront pas à accompagner dignement les
personnes âgées". Il demande au président de la République Nicolas Sarkozy l'organisation, à la rentrée, d'une grande conférence nationale sur ce sujet.
"Il
y aura avant l'été, sous l'autorité du Premier ministre, une réunion
avec les ministres concernés pour faire le point", a expliqué Xavier
Bertrand, lundi sur RTL,
à propos de l'organisation de cette journée. "Ça sera une évaluation
sans tabou (...) pour voir quels sont les points sur lesquels nous
pourrons améliorer l'application du dispositif". La réunion portera
notamment sur la façon dont l'école peut "au moins accueillir les
enfants (...) même si les profs ne font pas cours". Les établissements
scolaires étaient en effet fermés lundi.
Le ministre a rappelé
son adhésion au principe de cette journée de solidarité. "Nous avons
besoin de rattraper le retard (...) en faveur des personnes âgées et
handicapées", a commenté Xavier Bertrand.
Selon la Caisse
nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) qui gère les fonds
recueillis à l'occasion de la Journée de solidarité, deux milliards
d'euros sont collectés chaque année, dont 60% destinés aux personnes
âgées et 40% aux personnes handicapées.
"Les deux milliards
qui vont être dégagés ne suffiront pas à accompagner dignement les
personnes âgées et en particulier les personnes très fragilisées", a
affirmé pour sa part le président de l'ADEHPA Pascal Champvert, lundi
sur Europe-1.
Selon lui, "ce qu'il nous faut, c'est de l'ordre
de six à sept milliards d'euros". "Il faudrait au minimum doubler le
nombre des professionnels dans les établissements et dans les services
à domicile" et créer 40.000 places nouvelles pour répondre aux besoins
actuels des personnes âgées, a-t-il détaillé. Ces besoins sont appelés
à s'accroître avec le nombre des personnes âgées qui va "quasiment
doubler" dans les dix prochaines années, a-t-il ajouté.
Pascal
Champvert souhaite l'ouverture d'un "grand chantier" pour répondre à
cette question: "ce que nous souhaitons nous, c'est que le président
Sarkozy, à la rentrée, réunisse une grande conférence nationale sur
l'aide aux personnes âgées fragilisées (...) pour mettre à plat les
besoins d'aide du secteur".
Le PS a dénoncé de son côté une
journée qui "une fois de plus, génère sur notre territoire de profondes
inégalités". Pour le secrétaire national du PS aux élections Bruno Le
Roux, "elle est inefficace économiquement et elle met de nombreux
Français dans l'embarras". "C'est une idée très particulière de la
solidarité nationale", a-t-il estimé.
"On voit aujourd'hui qu'elle n'est pas en mesure de régler la problématique du financement de la dépendance". Le Parti socialiste
a promis de revenir sur cette journée et propose un financement de la
dépendance fondé "sur toute la richesse produite et pas simplement sur
les salariés".
A l'instar des organisations syndicales, la porte-parole de Lutte ouvrière Arlette Laguiller
a fustigé lundi sur LCI, une journée pour laquelle "seuls les salariés
sont mis à contribution". "Ni les professions libérales, ni les
commerçants, ni les actionnaires ne paient pour les maisons de
retraite", a-t-elle souligné.
Selon elle, "sur ce que le
patronat gagne par ce jour travaillé, c'est-à-dire 0,46% de la masse
salariale, seulement 0,3% sont reversés pour les caisses de retraites
ou les handicapés". "On voit bien que c'est une mesure qui n'est pas
vraiment juste". AP