Journée mondiale sans tabac: la France à mi-chemin

Journée mondiale sans tabac: la France à mi-chemin


Par Annie HAUTEFEUILLE


PARIS (AFP) - A la veille de la Journée mondiale sans tabac,
la France, qui a fait la moitié du chemin en prohibant le 1er février
la cigarette dans les lieux publics hors bars, cafés, restaurants et
discothèques, tire un premier bilan positif.
"Grande avancée", selon l'Alliance contre le tabac
qui fédère les acteurs de la lutte anti-tabac, l'interdiction de fumer
applicable depuis le 1er février dans les entreprises et les
administrations "n'a pas aggravé les relations sociales", mais les a
plutôt "apaisées", estime le Pr Bertrand Dautzenberg, président de
l'Office français de prévention du Tabagisme (OFT).
"Pas de fumée à l'intérieur", pour des
espaces clos "100% non fumeurs", ce thème a été choisi par
l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour ce 31 mai. L'idée
continue de progresser en Europe: après le Pays de Galles et l'Irlande du Nord en avril, l'interdiction de fumer dans les lieux publics entrera en vigueur en Angleterre le 1er juillet.
En Allemagne,
fumer devrait être interdit à partir du 1er septembre dans les les
transports publics et les bâtiments administratifs fédéraux.
En France, d'après les enquêtes conduites
par 144 médecins du travail, le pourcentage de salariés déclarant
travailler dans des lieux totalement non-fumeurs (sans fumoir) est
passé de 42% en janvier à 71% en février, 80% en mars et un peu plus de
78% en avril.
En mars, seul 6% des salariés rapportaient
avoir une salle fumeur, contre 21% en janvier, selon une étude portant
sur plus de 7.700 salariés ayant répondu aux questionnaires soumis par
ces médecins du travail dans trois régions (Ile-de-France, Bretagne, Midi-Pyrénées).
"Le décret a été un grand succès", y
compris dans les universités, 88% des lieux d'enseignement étant
devenus totalement non fumeurs, et les établissements de santé (92%
totalement non fumeurs en avril), se félicite le Pr Dautzenberg.
Toutefois, cette enquête ne repose pas sur
un échantillon représentatif de la population française, et la fonction
publique en est quasi absente, reconnaît-il dans la dernière édition du
Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).
Dans un éditorial, le directeur général de
la Santé Didier Houssin relève que la publication du décret du 15
novembre 2006 a permis de "franchir une nouvelle étape décisive" dans
la lutte contre le tabac, tout en jugeant qu'il est "un peu tôt" pour évaluer l'impact de cette mesure sur le plan sanitaire.
"Avec 30% de fumeurs dans la population
générale, la France reste toutefois encore loin de l'objectif de
descendre à 20%", fixé par le Bureau régional Europe de l'OMS, "et des niveaux atteints par certains autres pays développés, comme l'Islande (19,8%), le Canada (18%) ou la Suède (16%)", relève le Pr Houssin.
Avec plus de 66.000 décès annuels, le tabac
reste la première cause de mortalité évitable en France, rappelle
l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES)
qui édite douze dépliants d'information ("arrêter de fumer sans prendre
du poids"...) à l'occasion de la journée mondiale sans tabac.
"80% des victimes d'infarctus avant 45 ans sont des fumeurs", met en garde la Fédération française de cardiologie.
Parmi les cafés, hôtels, restaurants et
discothèques (CHRD) où le décret ne doit s'appliquer qu'en janvier
2008, le pourcentage d'établissements totalement non fumeurs est passé
de 26% en janvier à 62% en avril, selon l'OFT, qui relève que la
pollution a également diminué dans ces lieux de convivialité.