Sida: dépister les patients à faible risque pour éviter les

Sida: dépister les patients à faible risque pour éviter les diagnostics tardifs




PARIS (AFP) - Il faut "d'urgence" élargir en France le dépistage du VIH/sida
afin d'inclure la "population hétérosexuelle à faible risque
d'infection, mais à haut risque de diagnostic tardif", mettent en garde
des chercheurs français dans la revue médicale britannique British
Medical Journal publiée samedi.
Sur quelque 7.000 personnes ayant
découvert leur séropositivité au VIH (virus de l'immunodéficience
humaine) lors d'un dépistage en 2004, 3.000 étaient au stade sida
ou avaient déjà une immunité très altérée (taux de lymphocytes CD4
inférieur à 200 par mm3), rappellent Cyrille Delpierre (Inserm) et ses
collègues.
40% des patients sont détectés à un stade
avancé de l'infection, alors que la France est l'un des pays d'Europe
où la pratique du dépistage du VIH est la plus élevée, avec 82 tests
pour mille habitants en 2004, ce qui la place en tête juste derrière
l'Autriche, soulignent-ils.
Or, un diagnostic tardif accroît le risque
de mortalité: "six mois après la détection de l'infection au VIH, la
mortalité est 16 fois plus élevée en France parmi les patients
diagnostiqués à un stade avancé de l'infection que parmi ceux
diagnostiqués plus tôt", expliquent-ils.
L'écart persiste deux ans après un premier
test de dépistage positif, le taux de mortalité étant de 9% en cas de
détection de l'infection à un stade avancé, contre 1% parmi ceux
détectés plus précocément.
Par ailleurs, le retard au dépistage
accroît les risques de contamination du ou des partenaires et donc de
propagation de l'infection.
Selon une étude américaine publiée l'an
dernier (AIDS 2006), si toutes les personnes ignorant leur statut VIH
pouvaient faire un test, la transmission par voie sexuelle de nouvelles
infections pourraient être réduite de 31% par an. En France, "1.290
nouvelles infections pourraient être évitées chaque année", relève
l'équipe française.
Alors qu'en France jusqu'à 40.000
personnes pourraient ignorer leur infection par le VIH, les auteurs
recommandent que des tests de dépistage du VIH soient systématiquement
proposés, comme mesure de prévention de routine, par les médecins à
leurs patients, y compris ceux à faible risque de contamination.
Actuellement, le dépistage est plus
courant, et donc le diagnostic fait plus précocément, chez les femmes
et dans les groupes très exposés, comme les homosexuels masculins, les
jeunes et les personnes ayant eu un nombre élevé de partenaires.
Les patients dépistés tardivement sont
généralement "plus âgés, pour la plupart des hommes, hétérosexuels,
vivant en couple depuis plusieurs années et ayant des enfants, des
populations qui ne sont pas la cible privilégiée du dépistage",
soulignent les chercheurs de l'Inserm et l'Agence nationale de
recherches sur le sida (ANRS).
Le Conseil national du sida
avait déjà recommandé, dans un rapport publié fin 2006, d'améliorer le
dépistage en France afin de traiter les patients plus précocément.