L'Antarctique, laboratoire d'étude de la vie terrestre et ex

traterrestre

PARIS (AFP) - L'Antarctique a fourni des traces de vie inattendues dans la profondeur de ses glaces, tout en ouvrant une fenêtre nouvelle sur la recherche de la vie extraterrestre, ont résumé des scientifiques français de retour de leur campagne d'été austral.

Lors d'un point de presse tenu au siège du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) dans le cadre de l'Année polaire internationale (API) 2007-2008, ils ont en effet cité, jeudi, des exemples très parlants, confirmant que l'Antarctique méritait bel et bien son surnom de continent de la science.

Ainsi, Jean-Robert Petit (CNRS/Université Joseph Fournier Grenoble-I), qui revient de la base antarctique russe de Vostok, a fait état d'enseignements tirés de l'exploration des lacs sous-glaciaires qui peuvent abriter de véritables "niches de vie". Tel est le cas, en particulier, du lac Vostok, immense réservoir d'eau (5.600 kilomètres cubes, soit trente fois le volume du lac Leman) au voisinage de la base russe du même nom.

Même si les forages n'ont pas encore atteint sa surface recouverte d'une carapace de quatre kilomètres de glace, des échantillons de glace de regel (ou glace d'accrétion, collée sous le glacier qui flotte) ont déjà fourni des indications inattendues.

"La glace de regel semble montrer que l'eau du Vostok est biologiquement très pauvre car elle ne contient pas de traces de micro-organismes vivant dans les milieux froids. Les seules traces de vie que nous avons trouvées avec nos collègues russes sont celles d'ADN issues d'une bactérie thermophile proche d'Hydrogenophylus thermoluteolus présente, elle, dans des milieux chauds comme les geysers de Yellowstone (Etats-Unis) et dans des sources chaudes au Japon".

De son côté, Eric Aristidi (université de Nice/CNRS) est revenu enthousiaste d'un séjour dans un site d'observation astronomique exceptionnel: la base antarctique franco-italienne Concordia, ouverte depuis 2000.

Les conditions y sont quasi idéales, avec des turbulences atmosphériques, gênantes pour les observations, limitées à une trentaine de mètres au-dessus du sol, alors qu'ailleurs, il faut chercher refuge au sommet de hautes montagnes, a-t-il précisé.

Elle permettent d'observer notamment le "clair de Terre", la lueur cendrée projetée par la Terre sur la partie sombre de la Lune et dont le spectre dans l'infrarouge indique si la lumière renvoyée provient des océans ou des forêts en raison d'une "signature" caractéristique de la chlorophylle, a expliqué l'astrophysicien.

Un jour, a-t-il ajouté sur un ton rêveur, cette technique permettra peut-être de détecter le pigment vert des végétaux sur une planète extrasolaire et d'y découvrir donc la vie.