Afghanistan: les talibans maintiennent avoir tué les otages

Afghanistan: les talibans maintiennent avoir tué les otages allemands





L'incertitude régnait toujours dimanche
en Afghanistan sur le sort de l'un des deux otages allemands qui, selon
Berlin et Kaboul, est toujours en vie malgré l'annonce la veille d'une
double exécution par les talibans, qui menacent par ailleurs de tuer 23
otages sud-coréens.

Les rebelles ont donné jusqu'à 14h30 GMT
dimanche aux autorités afghanes pour libérer 23 talibans prisonniers
des geôles afghanes en échange du même nombre de chrétiens évangélistes
sud-coréens enlevés jeudi sur l'axe Kaboul-Kandahar (sud), dans la
province de Ghazni (140 km au sud de Kaboul).


Deux ingénieurs allemands et cinq collègues afghans avaient été enlevés
un jour plus tôt sur la même autoroute, à une centaine de km au sud de
Kaboul, et les talibans ont affirmé, sans fournir de preuves, les avoir
tous exécutés samedi en raison du refus des autorités afghanes et
allemandes de négocier.


MaisKaboul et Berlin assurent, sur la foi d'informations des services
de sécurité afghans, que l'un des Allemands est toujours vivant et que
l'autre est décédé d'une crise cardiaque.


"Les talibans peuvent dire où se trouvent les corps des deux Allemands.
Si le gouvernement allemand veut récupérer les corps, nous les
restituerons sans condition", a insisté dimanche au téléphone Youssouf
Ahmadi, porte-parole habituel des talibans.


Les autorités allemandes ont mis en doute la crédibilité de ce dernier,
mais un autre porte-parole des talibans, Zabiullah Mujahed, a de
nouveau assuré dimanche à l'AFP que Youssouf Ahmadi avait été "chargé
de la communication des talibans sur les otages allemands".


Le porte-parole du ministère afghan des Affaires étrangères, Sultan
Ahmad Baheen, a affirmé dimanche à l'AFP qu'"un otage allemand était
encore en vie hier soir (samedi)". "Je n'ai aucune autre nouvelle ce matin", a-t-il assuré.

Les
déclarations des talibans et des autorités sont impossibles à vérifier,
aucune dépouille n'ayant encore été retrouvée par la police.


Les talibans avaient notamment exigé un échange de prisonniers et le
retrait des 3.000 soldats allemands de l'Otan déployés dans le nord de
l'Afghanistan pour une mission qui est loin de faire l'unanimité en
Allemagne.


Cette affaire accentue par ailleurs la pression sur Séoul qui, selon un
diplomate, a établi des contacts indirects avec les ravisseurs des
évangélistes sud-coréens. Ces derniers effectuaient, selon Séoul, une
"mission humanitaire" dans ce pays en proie à une insurrection de
combattants islamistes.


Une délégation sud-coréenne emmenée par le chef adjoint de la
diplomatie Cho Jung-Pyo était attendue dimanche à Kaboul pour tenter de
résoudre cettecrise.


Les talibans ont enlevé de nombreuses personnes depuis le début de l'année.


En mars, le journaliste italien Daniele Mastrogiacomo avait été libéré
par les talibans en échange de la libération de cinq des leurs
emprisonnés, une première qui avait valu au gouvernement afghan des
critiques d'autant plus vives que les deux guides afghans du
journaliste avaient été exécutés.


Le président Hamid Karzai avait alors assuré qu'un tel échange ne se reproduirait plus.


Les talibans avaient enlevé début avril, dans le sud du pays, deux
travailleurs humanitaires français et leurs trois guides, qu'ils ont
tous relâchés, officiellement "sans contrepartie", après avoir aussi
exigé le retrait des troupes françaises et un échange de prisonniers.


La dernière exécution d'un otage étranger en Afghanistan est celle d'un ingénieur indien enavril 2006.