Un quartier d'Oxford inondé, des crues de la Tamise redoutée

Un quartier d'Oxford inondé, des crues de la Tamise redoutées en aval




Une
partie de la ville d'Oxford (centre) était engloutie sous plus d'un
mètre d'eau mercredi, alors que le pic de la Tamise se déplaçait vers
l'est, en direction de Londres, menaçant de déborder sur plusieurs
communes comme Reading ou Henley.
Les services
d'urgence ont dû évacuer 250 maisons d'un quartier de l'ouest de la
ville universitaire, jusque-là relativement épargnée par les
inondations catastrophiques accablant depuis plusieurs jours l'ouest de
la Grande-Bretagne, les pires depuis au moins 60 ans.
Le
niveau de l'eau a atteint par endroits jusqu'à 1,20 mètre. Contournant
les zones les plus sinistrées pour se rendre au travail, beaucoup
avaient chaussé de grandes bottes en caoutchouc tandis que des
cyclistes pédalaient pieds nus.
Le Premier
ministre Gordon Brown, qui s'était déjà rendu dans les zones inondées
lundi matin, est retourné dans l'après-midi à Gloucester (ouest) pour
féliciter notamment les services d'urgence.
A
la mi-journée, il avait promis devant le Parlement de porter
l'enveloppe d'aide aux communes sinistrées à un total de 46 milliards
de livres (68 millions d'euros), contre 24 milliards promis la veille.
La
facture globale pourrait atteindre entre deux et trois milliards de
livres (3 à 4,5 milliards d'euros), selon les estimations.
Camilo
Zapata, psychiatre de 37 ans qui a dû évacuer sa maison d'Oxford dans
la nuit avec ses parents, se dit "KO". Après avoir vainement tenté de
colmater la maison avec des sacs de sable mardi, il a regardé l'eau
monter. Mercredi, son rez-de-chaussée était englouti sous 70 cm d'eau.
Avant
que sa rue ne se transforme en rivière, "nous avons passé la
serpillière, c'était ridicule. Au bout d'un moment, on s'est dit +et
merde+, et on a décapsulé quelques bières", raconte-t-il, avant d'être
rejoint par les voisins, tout aussi impuissants.
Tout près, la devanture d'un pub proclame: "On est ouverts, que vienne l'eau ou l'enfer".
Le
pic de la Tamise a quitté Oxford dans la matinée pour se déplacer vers
l'est. En aval, les communes situées au bord du fleuve attendaient à
leur tour des crues, Henley puis Reading et Caversham dans la soirée.
Un
temps menacée, Windsor, qui abrite notamment un château de la famille
royale, devrait échapper aux inondations grâce aux mesures de
prévention mises en place, selon les autorités.
La météo prévoit des pluies intermittentes sur ces régions pour les prochains jours.
Dans
le Gloucestershire, comté le plus touché depuis le début des
inondations vendredi soir, le niveau de l'eau a commencé à baisser par
endroits mais pas assez pour permettre réellement de déblayer ou
réparer. Des travaux de pompage ont commencé dans une usine de
traitement des eaux, inopérante depuis dimanche.
La
distribution d'eau potable a continué à s'organiser, avec l'aide de
l'armée, plus de 140.000 foyers se préparant à vivre sans eau courante
pendant une quinzaine de jours. Trois millions de litres d'eau en
bouteille sont distribuées par jour, et près de 900 camions-citernes
sont mobilisés.
Les autorités ont demandé à la
population d'éviter de paniquer en stockant des réserves, ce qui
risquerait de créer des problèmes d'approvisionnement.
Devant
les supermarchés, chacun attend patiemment sa ration quotidienne de
deux packs de bouteilles d'eau, certains se félicitant que la crise
suscite un esprit de solidarité, "comme en temps de guerre", entre
voisins.
"On s'en sort pour l'instant", dit
Simone Davies, une mère de famille de 28 ans, devant une supérette de
Quedgeley. "J'achète des jus pour les filles, tout le monde fait sa
toilette avec des lingettes et on récupère les eaux de pluie pour
activer la chasse d'eau".