Prise en charge des pédophiles: entre traitement chimique et

Prise en charge des pédophiles: entre traitement chimique et psychothérapie




Avec
les médicaments contre les "pulsions" sexuelles et la psychothérapie au
long cours, la prise en charge des pédophiles pour prévenir les
récidives existe, sans que l'on puisse parler de remèdes miracles,
selon les spécialistes.
"Le traitement
anti-hormonal n'est pas la panacée", avertit d'emblée le psychiatre et
chercheur Serge Stoléru qui recrute des pédophiles volontaires, âgés de
18 à 60 ans, pour comparer deux molécules et vérifier laquelle est la
plus efficace dans la prévention des rechutes avec "passage à l'acte".
L'Androcur
(nom technique de cet anti-androgène: acétate de cyprotérone) et
l'Enantone (un autre anti-hormone, la leuproréline, qui agit au niveau
du cerveau pour réduire la testostérone) n'ont pas encore fait l'objet
d'une évaluation comparative.
"Nous proposons
un traitement pharmacologique et psychothérapeutique", indique le
psychiatre à l'AFP. "La psychothérapie est indispensable" car, selon
lui, la solution ne peut se résumer à quelques injections ou comprimés.
"Le
traitement permet à un individu de contrôler ses pulsions sexuelles. Il
ne s'agit pas de castration chimique" contrairement à une appelation
courante que le chercheur juge abusive, car "les pulsions sexuelles ne
disparaissent pas et reprennent quand on arrête le traitement".
"Vraisemblablement
l'Enantone est plus efficace, mais nous voulons le vérifier et analyser
aussi ce qui se passe au niveau du cerveau (réaction aux stimulations
sexuelles visuelles)", relève auprès de l'AFP le Pr Michel Pugeat,
endocrinologue (Lyon). "La réponse du cerveau aux stimuli sexuels
(images) est très hormonodépendante", assure l'endocrinologue.
L'intérêt
des anti-androgènes est de freiner le désir et l'activité sexuels chez
un sujet qui pense ne pas pouvoir maîtriser ses pulsions. Ces
traitements permettent un apaisement propice à l'approche
psychothérapique, selon le Pr Florence Thibaut (Rouen).
Les
anti-androgènes sont particulièrement indiqués chez les pédophiles
multi-récidivistes, les pédophiles profondément immatures ou déficients
intellectuels qui ont en quelque sorte l'âge mental de leur victime,
énumère-t-elle avec son collègue psychiatre, Bernard Cordier
(Suresnes), dans un point sur la question.
"Quelques
rares récidives ont été observées sous anti-androgènes, mais également
après castration chirurgicale", constatent ces spécialistes.
L'Androcur
dispose d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour réduire la
libido, mais pas l'Enantone qui bloque l'axe cerveau
(hypothalamus-hypophyse)-testicules, selon le Dr Stoléru. L'Enantone
est en revanche utilisé notamment pour traiter des cancers comme le
cancer de la prostate.
"Les médicaments
anti-hormones peuvent soulager ces patients de leurs pulsions
déviantes", note le Pr Michel Pugeat qui déplore qu'ils ne soient pas
plus nombreux à se présenter à sa porte.
Mais l'erreur serait de croire que leur efficacité est totale, s'accordent à penser endocrinologues et psychiatres.
Et
le risque serait précisèment de surestimer les traitements
médicamenteux et de donner ainsi un alibi au pédophile pour se
dédouaner de sa responsabilité, soulignent-ils.
Reste
que certains prédateurs "pervers" posent problème et parfois l'on se
demande s'ils relèvent de la médecine: "Quand on tombe sur des sujets
pervers qui se promènent avec du Viagra dans les poches...", souffle le
Pr Pugeat, en allusion au violeur du petit Enis.