L'ancien président Fujimori est arrivé au Pérou

L'ancien président Fujimori est arrivé au Pérou



Reuters

par Monica Vargas
LIMA (Reuters) - Extradé par le Chili au terme de sept ans de fuite à
l'étranger, l'ancien président péruvien Alberto Fujimori est
arrivé samedi au Pérou, où il va être jugé pour corruption et
violations des droits de l'homme. La télévision péruvienne a montré l'avion transportant Fujimori, qui a dirigé d'une main de fer le Pérou de 1990 à 2000, se
poser à Tacna, dans le sud du pays. Après s'être ravitaillé en carburant, l'appareil doit rallier la capitale, Lima. Cet homme de 69 ans avait espéré pouvoir rentrer dans son pays de son plein gré pour relancer sa carrière politique. Au lieu
de cela, Fujimori a quitté la capitale chilienne à bord d'un appareil de la police péruvienne. A Lima, il devra répondre de deux massacres commis au début des années 1990 lors de la lutte contre la guérilla maoïste du
Sentier lumineux. "Je suis heureuse et satisfaite. Après tant de désespoir pendant si longtemps, nous ne nous sommes pas battus en vain", a
déclaré Gisela Ortiz, dont le frère a été tué en 1992 par un "escadron de la mort" du gouvernement. Le départ forcé du Chili de Fujimori intervient près de deux ans après son arrivée impromptue à Santiago en provenance du
Japon. Il avait passé cinq ans en exil dans l'archipel natal de ses parents au lendemain de la chute de son gouvernement en 2000.
Six ans plus tard, Fujimori avait tenté de se représenter à la
magistrature suprême au Pérou mais il avait été interpellé au Chili
en vertu d'un mandat d'arrêt international. L'ex-président a consacré ces deux dernières années à se battre, en vain, contre une procédure d'extradition.
Vendredi, la Cour suprême du Chili avait donné son feu vert à
l'extradition vers le Pérou de l'ancien président Alberto Fujimori. MESURES DE SÉCURITÉ Inversant une décision prise en juillet par l'un de ses juges, la cour a accepté la plupart des arguments mis en avant par les
procureurs péruviens à l'appui de leur demande d'extradition.
L'instance suprême, dont les décisions ne pouvaient faire l'objet d'un
appel, avait notamment accepté à l'unanimité les éléments
impliquant Fujimori dans deux massacres du début des années 1990 -
connus sous le nom de Barrios Altos et La Cantuta -
imputés à des "escadrons de la mort" lors de la guerre contre le
Sentier lumineux. Des étudiants, un professeur et un jeune enfant
figurent parmi la vingtaine de victimes de ces massacres. Outre des agissements hors du cadre légal dans la lutte contre le Sentier lumineux, le parquet péruvien le soupçonne d'avoir
détourné 15 millions de dollars. Fujimori a toujours rejeté ces accusations et une partie des Péruviens continue d'admirer son rôle dans la neutralisation du
Sentier lumineux, réputé pour sa brutalité. La justice de Lima avait déposé sa demande d'extradition en janvier 2006, en faisant valoir les accusations d'atteintes aux
droits de l'homme. L'instruction sur le dossier a été bouclée en novembre de la même année par le juge de la Cour suprême Orlando Alvarez.
Huit mois plus tard, en juillet, le juge Alvarez s'est prononcé contre
l'extradition de Fujimori en estimant que le parquet n'avait
pas apporté assez de preuves. Son opinion a été transmise à la Cour suprême, qui tranchait en dernier ressort. Vendredi, le porte-parole de Fujimori, Carlos Raffo, a demandé au gouvernement péruvien de prendre les mesures
nécessaires pour assurer la sécurité de l'ancien chef de l'Etat à son arrivée à Lima.