Désaccord à l'OACI sur une réduction contraignante des gaz à

Désaccord à l'OACI sur une réduction contraignante des gaz à effet de serre




L'Organisation
internationale de l'aviation civile (OACI) a adopté vendredi à Montréal
un vaste programme de lutte contre les gaz à effet de serre dans
l'aviation, mais sans parvenir à se mettre d'accord sur une réduction
contraignante, comme le réclamaient les Européens.
Depuis
dix jours, la 36e assemblée de cette agence des Nations unies
spécialisée dans le transport aérien débattait des mesures à prendre
pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de l'industrie
aérienne, qui augmentent fortement.
Outre les
mesures scientifiques, techniques et opérationnelles qui font largement
consensus, les 190 membres de l'OACI étaient invités par l'Europe à
imposer des quotas d'émissions de CO2 aux compagnies aériennes, comme
l'Union européenne (UE) se propose de le faire à partir de 2012 pour
tous les vols à destination ou en provenance de son espace aérien.
Ce
projet a été vivement critiqué par une forte majorité de pays à l'OACI,
qui ont adopté une résolution priant "instamment les Etats contractants
d'éviter de mettre en oeuvre de façon unilatérale des redevances sur
les émissions de gaz à effet de serre".
L'UE a émis une réserve formelle sur cette disposition du programme.
Les
émissions de GES du secteur aérien représentent actuellement environ 2%
des émissions globales, mais cette part doit passer à 3% en 2050, année
où les avions vont être à l'origine de 5% du réchauffement climatique
global.
"Nous sommes déçus par le résultat.
Nous croyons que l'OACI a abdiqué son rôle de chef de file que lui
confiait le protocole de Kyoto. C'est un grand échec qui devrait nous
inquiéter tous", a déclaré Luis Fonseca de Almeida, directeur général
de l'avion civile du Portugal, pays qui préside l'UE.
Comme
elles sont transfrontalières, les émissions de l'aviation civile
internationale ne sont pas comptabilisées dans les bilans de réduction
de gaz à effet de serre (GES) des pays industrialisés en vertu du
protocole de Kyoto, mais l'OACI est chargée de trouver des solutions
pour parvenir à les réduire.
Les Etats-Unis
ont minimisé pour leur part l'importance du désaccord avec l'Europe.
"Je ne pense pas que ce soit un gros problème", a déclaré à l'AFP leur
sous-secrétaire au département des Transports, Andrew B. Steinberg.
Mais
il aussi laissé entendre que la question de l'adoption unilatérale de
quotas d'émissions pourrait aboutir devant les tribunaux.
Les
pays en développement ou émergents, comme la Chine ou le Brésil, ont en
outre rappelé qu'ils n'ont aucune obligation de réduction en vertu du
protocole de Kyoto et qu'ils ne devraient donc pas être inclus dans un
régime d'échange, comme celui que propose l'UE.
Giovanni
Bisignani, le directeur général de l'Association internationale du
transport aérien (IATA), qui représente 240 compagnies aériennes, s'est
montré virulent à l'égard de l'UE, la qualifiant d'"irresponsable". Il
a indiqué que le combat contre le réchauffement climatique ne se
limitait pas à l'imposition de quotas d'émissions de GES.
Le
programme de l'OACI rappelle que le rendement en carburant des avions
s'est amélioré d'environ 70% au cours des 40 dernières années et que
l'industrie s'est engagée à l'améliorer d'encore 25% d'ici 2020.
Les
Etats n'ont pas rejeté pour autant l'établissement d'un régime
d'échange de droits d'émissions, mais à condition que ce soit sur "la
base d'un accord mutuel entre Etats".
Les
Etats ont aussi entériné la nomination d'un groupe de travail spécial
qui, d'ici deux ans, devra faire des recommandations au conseil de
l'OACI sur les divers aspects de la mise en oeuvre des régimes
d'échange de droits d'émissions.