Attentats de 95 à Paris: Rachid Ramda suscite l'indignation

Attentats de 95 à Paris: Rachid Ramda suscite l'indignation




L'islamiste
algérien Rachid Ramda, jugé à Paris pour sa complicité présumée dans
trois des attentats de 1995 dans la capitale française, a provoqué
mardi une vive indignation des parties civiles en exprimant son
"soutien moral et spirituel" aux victimes.
L'islamiste
de 38 ans, jugé depuis lundi devant une cour d'assises exclusivement
composée de magistrats et qui encourt la perpétuité, a demandé pour la
première fois la parole mardi matin alors que les débats se
focalisaient sur un incident de procédure.
Il a alors évoqué l'attentat à la station RER Saint-Michel, qui avait fait huit morts et environ 150 blessés le 25 juillet 1995.
"A
propos de cet attentat horrible, j'ai entendu dire des choses contre
moi, j'aimerais bien m'exprimer", a dit l'accusé en français, sans
recourir à son interprète.
Venu à l'audience
avec le très épais acte d'accusation sous le bras, il en extrait alors
des descriptions détaillées sur les blessures mortelles infligées par
l'explosion, cite le nom de certains morts, et déclare que jamais il ne
supporterait qu'on inflige cela à un membre de sa famille.
"Je pense que ma réaction serait un peu extrême, je demanderais la peine de mort pour les gens qui ont fait ça", ajoute Ramda.
L'accusé décrit à ce moment-là "un corps entièrement brûlé", parle "une boule de feu" traversant un wagon.
Une femme siégeant comme partie civile fond alors en larmes. Elle quitte la salle en sanglots, en se bouchant les deux oreilles.
Malgré
les tentatives du président pour l'interrompre, Rachid Ramda poursuit
sur sa lancée en s'estimant "diabolisé" dans ce procès. S'il est dans
le box c'est uniquement "parce qu'on n'a pas trouvé de coupable",
affirme-t-il, omettant la double condamnation à la prison à vie
infligée en 2002 aux poseurs de bombe Boualem Bensaïd et Smain Aït Ali
Belkacem. Rachid Ramda avait été le grand absent de ce procès.
"Je
vous rappelle l'affaire d'Outreau, toute la France voulait la tête de
ces gens-là (...) ils ont été innocentés!", lance-t-il dans une
allusion à un scandale judiciaire qui a ébranlé la France il y a deux
ans.
Dans la salle, les protestations se font
encore plus vives quand Ramda exprime son "soutien moral et spirituel"
aux victimes. Une réplique fuse : "on n'en veut pas de ton soutien!".
Lors
d'une suspension d'audience, Françoise Rudetzki, présidente de
l'association SOS Attentats, assure que "les victimes sont en état de
choc" après l'intervention de l'accusé.
"C'est
scandaleux de comparer la situation des membres de sa famille qui eux
se portent bien à celle des victimes", ajoute-t-elle.
"Il
nous dit qu'il a aussi un père, une mère, des frère, des soeurs, qu'il
est compatissant, c'est se moquer du monde, je ne peux pas entendre
ça!", renchérit Annick Brocheriou, qui a perdu sa fille Véronique,
alors âgée de 27 ans, dans l'attentat de Saint-Michel.
Rachid
Ramda, qui nie les accusations, est soupçonné d'avoir assuré pour le
compte du GIA algérien (Groupe islamique armé) le financement de
l'attentat de Saint-Michel et de ceux des stations Maison Blanche et
Musée d'Orsay, qui avaient fait des dizaines de blessés également en
1995.
Le plus brutal des groupes armés
algériens de l'époque, le GIA, qui a revendiqué ces actions, accusait
notamment Paris de soutenir le pouvoir en place en Algérie dans sa
lutte contre les islamistes.
Interpellé le 4
novembre 1995 en Grande-Bretagne où il résidait, sur la base de mandats
d'arrêts français, Ramda avait été extradé vers la France le 1er
décembre 2005 au terme d'une longue bataille de procédure.
Le procès doit durer tout le mois d'octobre.