Démission collective d'élus pakistanais contre Pervez Mushar

Démission collective d'élus pakistanais contre Pervez Musharraf



Reuters

par Augustine Anthony ISLAMABAD (Reuters) - Un quart des députés de l'Assemblée nationale pakistanaise, soit 85 élus, a démissionné
mardi pour protester contre la candidature du général-président Pervez Musharraf à un nouveau mandat présidentiel. Les avocats de l'opposition ont parallèlement tenté une nouvelle fois de faire bloquer par la justice la réélection de
Musharraf, arguant auprès de la Cour suprême qu'il doit être déclaré inéligible en tant que chef des armées et que le
vote de samedi doit être suspendu. Le général Musharraf, un allié des Etats-Unis qui dirige le seul pays musulman doté de l'arme nucléaire, devrait
être réélu ce week-end par un vote des deux chambres du parlement et de quatre assemblées de province. Sa popularité est en recul mais la coalition au pouvoir dispose d'une majorité au parlement, qui doit être dissous le
mois prochain avant des élections législatives devant se tenir avant la mi-janvier. Musharraf a promis qu'une fois réélu, il quitterait ses fonctions de chef des armées et deviendrait un dirigeant
civil. Conscients qu'ils ne peuvent prévaloir lors du scrutin, des partis d'opposition réunis dans une alliance où des
islamistes côtoient le parti de l'ancien Premier ministre Nawaz Sharif espèrent le décrédibiliser par leur démission
massive. "Ces démissions sont une protestation contre la dictature", a déclaré le secrétaire général de l'alliance religieuse
Muttahida Majlis-e-Amal (MMA) Fazal-ur-Rehman. "Si cette chambre vote pour Musharraf, cela n'aura aucune
valeur politique et le président lui-même n'aura pas de valeur aux yeux du peuple." "INÉLIGIBLE" Le président de l'Assemblée nationale, Chaudhry Amir Hussain, a indiqué avoir reçu 85 démissions sur les 342 élus
de la chambre basse du parlement. D'autres élus ont démissionné des assemblées provinciales. Le premier parti d'opposition, le Parti du peuple pakistanais (PPP) de l'ancienne Premier ministre Benazir Bhutto,
n'a pas participé au mouvement. Bhutto a engagé des discussions avec Musharraf pour un partage du pouvoir, même si elle est hostile à l'élection
d'un "président en uniforme". Elle n'écarte pas la possibilité d'une démission collective de ses élus si elle n'obtient pas des gages de
démocratisation du pays. Elle doit décider mercredi de sa stratégie lors de discussions à Londres avec l'état-major de
son parti. Bhutto, qui vit en exil depuis 1999, a promis de revenir le 18 octobre au Pakistan. Pendant ce temps, les avocats de l'opposition ont mis au point un dernier recours demandant à la Cour suprême
d'interdire la réélection de Musharraf, du fait de son statut de chef des armées, et de reporter le vote en attendant. "Le (chef d'état-major des armées) devrait être déclaré inéligible et jusqu'à ce qu'une décision soit prise sur cette
requête, l'élection devrait être suspendue", a déclaré l'avocat Ashtar Ausaf Ali, peu avant de déposer son recours. Ali est l'un des avocats de Wajihuddin Ahmed, candidat à la présidentielle et ancien juge de la Cour suprême qui a
préféré démissionner en 2000 plutôt que prêter allégeance à Musharraf. On ignore quand la Cour suprême, qui a déjà rejeté plusieurs recours similaires la semaine dernière, se saisira de
celui-ci. L'autre grand candidat à la présidentielle est Makhdoom Amin Faheem, issu du parti de Benazir Bhutto.