Mal-logés : une cinquantaine de tentes installées près de la

Mal-logés : une cinquantaine de tentes installées près de la Bourse à Paris




Des
militants du DAL (Droit au logement) et des familles de mal-logés ont
installé une cinquantaine de tentes tôt jeudi matin, rue de la Banque,
près de la Bourse dans le IIe arrondissement de Paris, ont constaté des
journalistes de l'AFP.
Plusieurs compagnies de
CRS ont pris place autour du campement près de la place de la Bourse,
au coeur de la capitale, au pied du "ministère de la crise du
logement", un bâtiment où sont installés depuis plusieurs mois les
locaux du DAL et plusieurs familles africaines de mal-logés.
La
veille, des familles conduites par le DAL avaient vainement tenté
d'installer un campement ailleurs dans Paris. Interpellées par la
police, elles s'étaient repliées rue de la Banque où elles ont
manifesté toute la journée en appelant à la "solidarité avec les
mal-logés".
"Que des campements fleurissent
dans toute la France pour que la solidarité s'exprime avec les
sans-logis", clamait jeudi devant quelques micros, le porte-parole de
l'association Droit au logement (DAL), Jean-Baptiste Eyraud, qui a
prêté main forte au petit matin, à quelques dizaines de familles pour
installer les tentes.
La rue a été barrée par
des barrières métalliques et par une banderole jaune portant
l'inscription "Pour les précaires du logement, 100.000 logements tout
de suite, un million très vite!"
Plusieurs
dizaines de personnes sont installées dans la rue, certaines assises à
même le trottoir, d'autres, dont beaucoup de mamans africaines avec de
petits enfants sur les genoux, sur des chaises.
Ces
nouveaux "campeurs" évoquent immédiatement le campement installé l'an
dernier à la mi-décembre par les Enfants de Don Quichotte, le long du
canal Saint-Martin.
"On veut 100.000 logements
pour les précaires, tout de suite, avant l'hiver. Il faut affronter la
crise du logement. On arrête les chambres d'hôtels à plusieurs milliers
d'euros par mois, on arrête les bungalows construits n'importe comment:
on dégage des logements tout de suite et après, on se met à construire
du logement social!", dit M. Eyraudl.
Kamarasera,
une Sierraleonaise, mère de trois enfants, témoigne du sort réservé à
des milliers de sans-logis, hébergés dans des hôtels.
Femme de ménage employée par la mairie de Paris, elle travaille dans un gymnase et gagne "un peu plus de mille euros par mois".
Elle
est logée dans un hôtel, près de la gare de Lyon, avec ses trois
enfants. Le loyer, pour une seule chambre, revient, dit-elle, à 1.600
euros par mois. Grâce aux diverses allocations qu'elle touche (environ
600 euros), elle paie 800 euros par mois, la mairie de Paris acquittant
le reste.
Les familles africaines sont loin
d'être les seules concernées. Marie-Paule, une ancienne travailleuse
sociale, vient d'Aubervilliers, en banlieue Nord. Ayant perdu son
emploi, en situation de surendettement, elle a été expulsée de son
logement. Elle aussi est venue camper rue de la Banque pour exiger un
logement.
Fatigués par une nuit sans beaucoup
de repos, les manifestants discutent, somnolent un peu et reprennent en
choeur, à intervalles réguliers, sur l'air de la Marseillaise des
slogans tels que: "Nous sommes pas des touristes, nous sommes chez
nous... So, so, solidarité!".
Dans un
communiqué le DAL appelle "à la solidarité la plus large et au réveil
des consciences pour soutenir la cause des sans-logis, et en général
des précaires du logement".
"Il ne suffit plus
de payer des hôtels des foyers, des campements de mobile homes, ou
d'annoncer au début de chaque hiver des plans d'urgence bricolés pour
tenir le créneau, il faut des logements", estime Droit au logement.
Denis
Baupin, chef de file des Verts parisiens pour les municipales, s'est
rendu rue de la Banque et a affirmé qu'il fallait se fixer l'objectif
de 9.000 logements sociaux par an sur Paris.
"Si
des gens en arrivent là, à dormir dans des tentes, cela en dit long sur
leur désespoir. C'est une façon d'interpeller les pouvoirs publics et
de dire que cette situation - du mal-logement - ne peut pas perdurer!",
a déclaré Denis Baupin, adjoint au maire de Paris chargé des
transports, devant quelques journalistes.
"On crée actuellement 4.500 logements sociaux par an à Paris. Il faut doubler ce chiffre et arriver à 9.000 logements".