EADS: Lagarde ordonne une enquête sur l'action de Bercy fin

EADS: Lagarde ordonne une enquête sur l'action de Bercy fin 2005-début 2006




Le
gouvernement, qui a défendu toute la semaine le comportement de l'Etat
lors des ventes d'actions EADS par ses principaux actionnaires et
dirigeants, soupçonnés de délit d'initiés, a décidé vendredi de lancer
une enquête interne sur l'action des services de Bercy.
Dans
un communiqué, la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a annoncé
avoir confié une mission à Bertrand Schneiter, inspecteur général des
Finances, afin "d'examiner l'action des services du ministère en ce qui
concerne EADS entre fin 2005 et juin 2006".
Cette
annonce a été faite quelques heures après l'audition par la commission
des Finances du Sénat de son prédécesseur, Thierry Breton, et du
directeur de l'Agence des participations de l'Etat (APE), Bruno Bézard.
Dans
l'entourage de Mme Lagarde, on assurait vendredi soir qu'il ne
s'agissait pas de "réagir" à cette audition, mais qu'il était "tout à
fait logique que la ministre veuille faire un point clair sur
l'activité de ses services".
En milieu de
journée, M. Breton avait plaidé l'ignorance de l'Etat, rejetant l'idée
qu'il ait pu couvrir un délit d'initiés aux dépens de la Caisse des
dépôts lors de la vente par le groupe Lagardère de la moitié de sa
participation de 15% du capital d'EADS en avril 2006, deux mois avant
l'effondrement du titre.
L'Etat est
actionnaire à hauteur de 15% du groupe européen, aux côtés des
actionnaires privés Daimler et Lagardère. Mais en vertu du pacte
d'actionnaires, la gestion des intérêts français est confiée au groupe
Lagardère.
M. Breton a assuré vendredi que
l'Etat n'avait pas été informé des modalités de ventes de ces titres,
et qu'il avait appris "par la presse" l'acquisition d'une partie
d'entre eux par la Caisse des dépôts (CDC), pourtant considérée comme
le bras armé de l'Etat dans le domaine économique.
La
CDC a ensuite confirmé cette version, en assurant dans un communiqué
qu'elle avait "agi de manière autonome" et n'avait "reçu aucune
instruction des pouvoirs publics".
Ses
dirigeants doivent être entendus à leur tour mardi par la commission
des Finances de l'Assemblée et mercredi par celle du Sénat.
De
son côté, le directeur général de l'APE, Bruno Bézard, a reconnu que
son agence avait recommandé dans une note du 20 janvier une cession
partielle de titres par l'Etat parallèlement aux actionnaires privés,
en précisant qu'il n'était pas alors informé de "difficultés" d'EADS.
Mais
l'Etat ne l'a finalement pas fait en raison du caractère "stratégique"
de l'entreprise, a souligné M. Breton, une argumentation similaire à
celle de Mme Lagarde mercredi à l'Assemblée nationale.
Jeudi,
le Premier ministre François Fillon avait affirmé que l'Etat ne s'était
"prêté en aucune façon à une manoeuvre supposée" lors de la vente faite
par des actionnaires privés avant l'annonce de nouveaux retards du
programme d'avion géant A380, qui avait fait plonger le titre le 14
juin 2006.
Dans son communiqué, Mme Lagarde
indique que M. Schneiter "devra se pencher notamment sur les conditions
dans lesquelles l'APE a exercé ses fonctions pendant cette période,
ainsi que sur les relations entre les services du ministère de
l'Economie et des Finances et la Caisse des Dépôts et Consignations"
(CDC).
Sa mission est courte, puisqu'il devra
rendre son rapport dès jeudi. "Celui-ci sera immédiatement rendu
public", a indiqué la ministre.