Pakistan: des combats dans les zones tribales font près de 2

Pakistan: des combats dans les zones tribales font près de 250 morts




Environ
200 rebelles islamistes et près de 50 soldats pakistanais ont été tués
depuis dimanche dans des combats, parmi les plus meurtriers dans les
zones tribales du Pakistan depuis que des talibans afghans y ont
installé des sanctuaires avec leurs alliés d'Al-Qaïda.
Cette
région du nord-ouest du Pakistan, frontalière de l'Afghanistan, est au
coeur des zones tribales où les Etats-Unis affirment qu'Al-Qaïda et les
talibans d'Afghanistan, chassés du pouvoir fin 2001, ont reconstitué
leurs forces, malgré la présence de 90.000 militaires pakistanais.
Ces
insurgés talibans et ces proches d'Al-Qaïda représentent l'une des plus
grandes menaces pour le président Pervez Musharraf à la tête, depuis un
coup d'Etat en octobre 1999, de la République islamique du Pakistan
peuplée de 160 millions d'habitants et unique puissance nucléaire du
monde musulman.
Les affrontements ont éclaté
dimanche dans le district du Waziristan du Nord après que des
combattants islamistes eurent attaqué des convois militaires. L'armée a
riposté avec des troupes au sol, appuyées par des hélicoptères et des
avions de combat, dans une zone montagneuse près de la localité de Mir
Ali.
Mardi, 50 insurgés ont péri dans des
bombardements et autant ont été blessés, a déclaré un responsable
militaire à Peshawar. L'armée a confirmé ces frappes, mais sans plus de
détails.
Le dernier bilan officiel faisait
état de 150 islamistes et 45 militaires tués depuis dimanche. Deux
autres soldats sont morts mardi dans l'explosion d'une bombe au bord
d'une route.
Ce bilan total de 250 morts n'a pu être vérifié auprès d'autres sources.
D'après des résidents, plusieurs civils ont aussi perdu la vie, mais l'armée ne l'a pas confirmé.
Reste
que la plupart des 50.000 habitants de Mir Ali ont fui leurs maisons
après la destruction de 50 d'entre elles, a annoncé un membre d'une
tribu, Faridullah Khan. Utilisant les haut-parleurs de la mosquée de la
ville, des habitants ont supplié les soldats de ne pas incendier leurs
maisons, a raconté le chef de tribu, Malik Iqbal Khan.
Mais
l'armée ne vise pas les civils et "fait face à des combattants bien
entraînés", s'est défendu le porte-parole de l'armée, le général Waheed
Arshad. "Il y a des liens avec l'Afghanistan. Beaucoup obtiennent de
l'argent et des armes provenant de l'autre côté de la frontière",
a-t-il accusé.
Le général Musharraf, qui a
remporté samedi l'élection présidentielle, avait assuré la semaine
dernière qu'il n'y avait pas de bases permanentes d'Al-Qaïda dans son
pays. Il reconnaît cependant que des extrémistes liés à cette mouvance
sont réfugiés dans les zones tribales.
Beaucoup
de talibans afghans avaient en effet rejoint ces régions tribales,
peuplées en majorité de Pachtounes, après avoir été renversés du
pouvoir en Afghanistan par une coalition militaire conduite par les
Etats-Unis. L'armée américaine en Afghanistan estime que beaucoup
d'attaques perpétrées dans ce pays sont préparées depuis ces repaires
en territoire pakistanais.
Et depuis trois
mois, la confrontation entre ces fondamentalistes et le régime
Musharraf, principal allié des Américains dans leur "guerre contre le
terrorisme", s'est étendue à l'ensemble du Pakistan.
Une
vague d'attentats sans précédent a fait près de 300 morts depuis
l'assaut par l'armée en juillet de la Mosquée rouge d'Islamabad, un
sanctuaire d'islamistes qui défiaient les autorités.
Des
dirigeants intégristes pakistanais et le numéro 2 d'Al-Qaïda, Ayman
al-Zawahiri, avaient aussitôt juré de venger leurs coreligionnaires
tués pendant le siège de la mosquée. Et, il y a 15 jours, Oussama ben
Laden lui-même a déclaré le jihad, la "guerre sainte", au général
Musharraf et son armée.