Crash du Mont Sainte-Odile: procès en appel à Colmar

Crash du Mont Sainte-Odile: procès en appel à Colmar




Le
procès en appel de la catastrophe aérienne du Mont Sainte-Odile
(Bas-Rhin), qui avait fait 87 morts et neuf rescapés le 20 janvier
1992, s'ouvre mardi devant la Cour d'appel de Colmar et devrait durer
sept semaines.
Quatorze ans après les faits,
au terme d'un procès hors norme de neuf semaines et après plus de
quatre mois de délibéré, le tribunal correctionnel de Colmar avait
prononcé en novembre dernier la relaxe au pénal des six prévenus --un
contrôleur aérien et cinq anciens cadres de la Direction générale de
l'aviation civile (DGAC), d'Air Inter (aujourd'hui intégré dans Air
France-KLM) et d'Airbus Industries.
Les juges
de Colmar avaient en revanche reconnu l'entière responsabilité civile
des compagnies Airbus et Air France, relevant notamment des
"négligences" dans la conception du cockpit de l'A320 et soulignant la
responsabilité contractuelle de transporteur de la compagnie aérienne.
En
première instance, les prévenus avaient décliné toute culpabilité dans
le crash de l'appareil qui avait percuté le 20 janvier 1992 un versant
enneigé du massif du Mont Sainte-Odile alors qu'il s'approchait de
l'aéroport de Strasbourg-Entzheim. L'avion, qui reliait Lyon à
Strasbourg, volait trop bas et s'était écarté de sa trajectoire.
L'ancien
directeur technique d'Airbus Bernard Ziegler, "architecte" de l'A320,
Airbus Industries, l'association de rescapés et de proches de victimes
ECHO, plusieurs des quelque 350 parties civiles ainsi que le Parquet
avaient interjeté appel du jugement.
"Nous
attendons au moins la confirmation du jugement prononcé en première
instance", indique Alvaro Rendon, le président d'ECHO. "Mais nous
voulons également qu'Airbus reconnaisse que cet avion n'était pas
infaillible et qu'il n'aurait jamais dû voler".
Selon
lui, les questions de l'absence dans l'appareil de GPWS --un
avertisseur de proximité de sol qui équipait alors les appareils de la
plupart des autres compagnies, conformément à une norme
internationale-- ainsi que celle du préjudice spécifique, qui n'avait
été reconnu qu'en principe en première instance, devraient être au
coeur du second procès.
Le préjucide
spécifique recouvre l'ensemble des préjudices, tels que les
traumatismes psychologiques, qui se surajoutent aux autres subis lors
de l'accident.
"Nous n'avions pas pu obtenir
d'indemnités spécifiques (...) On a donné des clopinettes aux parties
civiles qui n'ont pas été indemnisées pour leur préjudice réel",
regrette Me Jacky Petito, l'un des avocats des parties civiles.
Bernard
Ziegler, dont les "négligences" relevées par le tribunal dans la
conception de l'A320 avaient entraîné la condamnation au civil
d'Airbus, entend quant à lui montrer "que, dans cette affaire, rien
n'est reprochable" à l'appareil, a indiqué son conseil Me Henri
Leclerc, estimant que la reconnaissance de la responsabilité de
l'avionneur était "totalement absurde".
Le
procès en première instance, qui s'était déroulé en mai et juin
derniers au Parc des expositions de Colmar, avait nécessité une lourde
organisation et généré des coûts importants.
En
raison de l'exiguité des locaux de la Cour d'appel, les sept semaines
du procès en appel se dérouleront dans la salle de la Cour d'assises du
Haut-Rhin, partiellement rénovée.
Le jugement devrait être mis en délibéré.