Paludisme: des progrès, mais beaucoup d'enfants sans traitem

Paludisme: des progrès, mais beaucoup d'enfants sans traitements efficaces




Malgré
des progrès en Afrique subsaharienne, beaucoup d'enfants restent privés
de traitements efficaces contre le paludisme, qui fait au moins 800.000
morts par an avant l'âge de 5 ans, selon un rapport publié mercredi par
le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef).
Quelque
3 milliards de personnes, soit près de la moitié de la population
mondiale, vivent dans des régions affectées par la malaria, autre nom
donné au paludisme. L'Afrique subsaharienne, où sévit la forme la plus
grave, due au Plasmodium falciparum, est la plus durement touchée.
"En
Afrique subsaharienne, le paludisme tue au moins 800.000 enfants de
moins de 5 ans chaque année", rappelle la directrice générale de
l'Unicef Ann Veneman.
La malaria est
responsable de 8% de la mortalité infantile avant l'âge de 5 ans dans
le monde, un taux qui grimpe à 18% en Afrique subsaharienne, sans tenir
compte de l'impact indirect de la maladie sur la malnutrition, souligne
l'organisation dans son rapport "Paludisme et enfants".
Seulement
8% des enfants d'Afrique subsaharienne de moins de 5 ans dorment sous
des moustiquaires imprégnées d'insectides, un des moyens les plus
efficaces pour éviter la transmission de la malaria. D'ailleurs guère
plus de 15% bénéficient d'une moustiquaire, imprégnée ou non, relève le
rapport tout en soulignant les progrès réalisés.
De
2004 à 2006, la production annuelle des moustiquaires imprégnées
d'insecticides a plus que doublé, passant de 30 à 63 millions.
Mais
il faudrait encore de 130 à 264 millions de ces moustiquaires pour
qu'en Afrique 8O% des femmes enceintes et des enfants de moins de 5 ans
vivant dans des zones à risque puissent bénéficier de ce moyen de
protection, l'objectif fixé pour 2010 par le partenariat Faire reculer
le paludisme (Roll Back Malaria).
Le rapport a
été préparé par l'Unicef pour le compte de ce partenariat lancé en 1998
par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Unicef, la Banque
mondiale et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
De
2004 à 2006, le nombre de moustiquaires imprégnées d'insecticides
fournies par l'Unicef est passé de 7 à 25 millions, et le Fonds mondial
de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a massivement
accru son appui (18 millions de moustiquaires imprégnées distribuées en
2006, soit 13 fois plus qu'en 2004).
En
Gambie, environ la moitié des enfants de moins de 5 ans bénéficient de
telles moustiquaires. Le taux avoisine 40% en Guinée-Bissau, à Sao
Tomé-et-Principe et au Togo, avec dans ce dernier pays peu de
disparités entre zone urbaine ou rurale, riches ou pauvres. En Zambie,
au Malawi, au Ghana, au Bénin, le taux est passé de 1 à 7% en 2000 à
20-23% en 2006.
L'Ethiopie, où moins de 2% des
bambins étaient protégés en 2005, vient de distribuer 18 millions de
moustiquaires imprégnées d'insecticides.
"Les
nouvelles données sont encourageantes, car elles favoriseront des
avancées encore plus spectaculaires dans les années à venir", estime le
Dr Awa Marie Coll-Seck, directrice exécutive de Partenariat Faire
reculer le paludisme.
Si 34% des enfants
fiévreux ont un traitement contre le paludisme, très peu (de 1% à 4%
dans une dizaine de pays, mais 13% en Zambie) bénéficient des
combinaisons thérapeutiques à base d'artémisinine (ACT) recommandées
par l'OMS, qui sont près de dix fois plus chères que les médicaments
traditionnels, comme la chloroquine à laquelle le parasite est devenu
résistant.
Les financements internationaux
pour la lutte contre le paludisme ont été plus que décuplés au cours
des dix dernières années, mais, selon les auteurs du rapport, il faut
encore davantage de ressources pour surmonter les obstacles.