Gares quasi-désertes, RTT, vélo: les citadins ont anticipé l

Gares quasi-désertes, RTT, vélo: les citadins ont anticipé la grève




Gares
désertées, squatt improvisé dans les aéroports, succès des déplacements
en vélos et circulation fluide: les habitants des grandes villes, au
premier chef Paris, ont très largement anticipé la paralysie des
transports comme pour désamorcer la galère annoncée .
A
coup de RTT, pour une fois consensuelle, bon nombre de citadins ont
contourné l'obstacle d'un blocage quasi complet des transports
ferroviaires.
Le vélo, le covoiturage, la
marche à pied et parfois la chance d'attraper un des rares trains en
circulation, ont permis de limiter les dégâts et d'éviter de se
retrouver aux prises avec une situation inextricable.
A
Roissy, plusieurs dizaines de personnes ont bivouaqué dans la salle
d'attente du terminal F (destinations Europe, Tunis, Beyrouth),
préférant l'inconfort d'une nuit au risque de se retrouver bloqués.
René
et Françoise Tatu, la soixantaine, sont ainsi venus mercredi soir de
Franche-Comté et ils ont passé la nuit dans les fauteuils peu
confortables de l'aéroport pour "ne pas se faire piéger et être sûrs
d'attraper leur avion pour Madras" où ils partent en vacances.
Dans
les grandes gares, notamment à Paris, en début de matinée c'était le
grand vide. Quais quasi désertés, magasins de journaux sans
clients...et quelques voyageurs errants.
A
Montparnasse, Erwann, 21 ans, venu "du fin fond de l'Essonne" espérait
"pouvoir rallier Toulouse", après avoir "dormi hier soir chez un ami,
maintenant on va voir..", avouait-t-il, philosophe.
Alex
Hoogesteger, un Néerlandais de 56 ans qui fait dans l'import-export de
fruits secs, a passé la nuit à l'hôtel après avoir raté son train
mercredi soir pour Toulouse. Il tentait d'en attraper un autre jeudi
matin.
Aux alentours de la gare, peu de
circulation, des stations de métro fermées, mais une nuée de cyclistes,
les stations de Vélib étant prises d'assaut dans Paris.
La
Gare du Nord était également largement déserte. Sur les 19 voies
dévolues aux grandes lignes, seuls quatre Thalys et quatre Eurostars
étaient à quai. Dans la partie RER, aucun train n'était annoncé,
notamment à destination de l'aéroport Charles-de-Gaulle.
Dans la grande couronne, on a fait comme on a pu pour se rendre à Paris mais c'est surtout le retour qui préoccupe.
Sur
les routes, après une légère hausse du trafic en tout début de matinée,
celui-ci s'est comme évaporé: à 11H00, on comptait à peine 7 kms de
bouchons en Ile-de-France contre 37 habituellement à la même heure, 0
en province contre 15 d'ordinaire.
Gares de
banlieues et stations de métro affichaient souvent portes closes,
celles ouvertes ne délivrant les rames qu'au compte-gouttes.
A
l'aube, à Poissy, Amine, la trentaine, l'avait amère. "Je viens de
finir ma nuit (de gardiennage), j'aimerais bien rentrer chez moi dans
le Val d'Oise pour dormir, car ce soir je travaille".
A
Juvisy-sur-Orge (Essonne), les voyageurs se sont agglutinés, tôt le
matin, au bout du quai, pour consulter les horaires: zéro RER D et un
train toutes les demi-heures pour l'omnibus de la ligne C. Les
voyageurs se poussaient pour accéder aux rares trains.
Jean-Etienne,
30 ans, cadre supérieur, prévoyait une "journée longue et douloureuse"
pour rallier Athis-Mons à La Défense, mais se voulait "zen".
Claudine,
une comptable de 46 ans, évoquait, elle, les grèves de 95: "A l'époque,
je n'étais pas d'accord: là si ! On ne leur laisse rien à négocier !".