Rachida Dati au congrès de l'Union syndicale des magistrats

Rachida Dati au congrès de l'Union syndicale des magistrats




Rachida
Dati doit intervenir ce vendredi pour la première fois depuis sa
nomination devant le congrès de la puissante Union syndicale des
magistrats (USM), dans un climat tendu entre la garde des Sceaux et les
représentants du monde judiciaire.
Réforme "à
marche forcée" de la carte judiciaire, "préfectoralisation" du parquet,
"défiance" vis-à-vis des magistrats: le premier syndicat de la
profession porte un jugement sévère sur les premiers mois passés par
Mme Dati place Vendôme.
Signe du malaise
ambiant, le congrès qui réunira plusieurs centaines de magistrats
vendredi et samedi au palais de justice de Paris sera placé sous le
thème "Rendre la justice: mission impossible ?" Le président de l'USM,
Bruno Thouzellier, fait part de l'inquiétude de ses collègues "face à
une société qui se replie sur la sphère privée et considère la justice
comme un simple service".
Dans ce contexte
marqué par l'après-Outreau, la ministre de la Justice comme le
président Nicolas Sarkozy mettent en avant la défiance de l'opinion
vis-à-vis des juges pour justifier les réformes en cours. "Il n'est pas
question de laisser les Français davantage s'éloigner de leur justice",
a écrit Mme Dati dans une tribune parue dans Le Monde de mercredi.
Refonte
d'une carte des juridictions inchangée depuis 1958, féminisation de la
hiérarchie du parquet, sévérité accrue à l'égard des récidivistes,
dépénalisation du droit des affaires... Les intentions comme la méthode
de la ministre suscitent grogne et inquiétude.
Ainsi,
pour Bruno Thouzellier, "le retournement de méthode n'est pas
acceptable" en ce qui concerne la réforme de la carte judiciaire,
d'abord lancée par une concertation nationale avant que la ministre ne
décide de la présenter région par région. L'USM, comme les autres
syndicats de magistrats, ont aussi particulièrement mal vécu la récente
convocation du vice-procureur de Nancy pour des propos supposés
critiques sur la loi antirécidive instituant les peines plancher.
La
manière dont la ministre a demandé au procureur général d'Agen de
quitter son poste, vraisemblablement pour promouvoir une femme à sa
place, n'a fait qu'envenimer les choses. Le président de l'USM "dénonce
la conception du parquet de la ministre" et "n'admet pas cette
fonctionnarisation".
Dans son discours, qu'il
prononcera avant celui de la ministre vendredi après-midi, M.
Thouzellier devrait également mettre en garde Mme Dati contre une
réforme de la composition du Conseil supérieur de la magistrature
(CSM), l'organe disciplinaire de la profession, où Nicolas Sarkozy
souhaite une majorité de non-magistrats.
Il
s'agirait d'un "acte de défiance sans précédent qui nous mettrait au
ban de l'Union européenne", s'insurge le président de l'USM.
Selon
le cabinet de Mme Dati, la ministre devrait accepter de répondre à des
questions de la salle à l'issue de son discours. M. Thouzellier lui
prédit déjà un accueil "froid".