Iran: le négociateur du dossier nucléaire Ali Larijani a dém

Iran: le négociateur du dossier nucléaire Ali Larijani a démissionné




L'Iran
a annoncé samedi la démission surprise du principal responsable de son
dossier nucléaire, Ali Larijani , qui devait engager la semaine
prochaine des négociations pour éviter de nouvelles sanctions
internationales contre Téhéran.
Il sera
remplacé par le vice-ministre des Affaires étrangères Saïd Jalili ,
réputé proche du président Mahmoud Ahmadinejad, et les négociations
avec le Haut représentant de la diplomatie de l'Union européenne,
Javier Solana, prévues mardi à Rome sont maintenues, selon une source
officielle.
Le gouvernement iranien a souligné
que le départ de M. Larijani n'entraînerait pas un changement de
position de Téhéran sur son programme nucléaire soupçonné par
l'Occident de cacher des ambitions militaires.
Le
porte-parole du gouvernement, Gholam Hossein Elham, a annoncé la
démission effective de M. Larijani après plusieurs offres repoussées
dans le passé.
"Larijani a présenté plusieurs
fois sa démission et le président l'a finalement acceptée", a-t-il dit,
évoquant "des raisons personnelles" et le souhait du négociateur
d'avoir "d'autres activités politiques".
M.
Larijani devait rencontrer mardi à Rome M. Solana pour discuter à
nouveau d'une offre de coopération politique et économique des grandes
puissances à l'Iran, en échange de la suspension de ses activités
nucléaires sensibles.
Selon M. Elham, la
rencontre "se tiendra comme prévue", mais avec M. Jalili. Il a évoqué
une possible participation de M. Larijani.
A
Bruxelles, la porte-parole de M. Solana a confirmé que la réunion
aurait bien lieu, mais s'est refusée à tout commentaire sur la
démission de M. Larijani.
Celui-ci avait pris
la responsabilité du dossier nucléaire à sa nomination en août 2005
secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, au moment où M.
Ahmadinejad prenait ses fonctions de président.
Leur
arrivée a coïncidé avec une rupture brutale de la politique nucléaire
iranienne à l'égard des Occidentaux qui avaient obtenu de Téhéran qu'il
suspende ses activités nucléaires en échange de négociations sur des
mesures de coopération dans plusieurs domaines.
Mais
l'Iran a repris sa conversion d'uranium et surtout ses activités
d'enrichissement, qu'il a poursuivies malgré trois résolutions du
Conseil de sécurité de l'ONU, dont les deux dernières assorties de
sanctions.
Les grandes puissances attendent
pour novembre un rapport de M. Solana sur l'offre de coopération faite
à l'Iran et un autre du chef de l'Agence internationale de l'énergie
atomique Mohammed ElBaradei sur la coopération de Téhéran pour
éclaircir les zones d'ombre de son programme.
Les
cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis,
France, Grande-Bretagne, Russie) et l'Allemagne ont convenu d'examiner
ces rapports avant de voter le cas échéant de nouvelles sanctions.
M. Elham a averti que la démission de M. Larijani "ne signifiait pas un changement de politique" de l'Iran.
L'analyste
modéré Mohamad Sadegh Al-Hosseini l'a placée dans le cadre de la
politique intérieure. "C'est une étape vers la consolidation du camp de
M. Ahmadinejad, et une façon de fermer la porte à tout soupçon de
divisions internes".
M. Larijani avait été
candidat malheureux à la présidentielle de 2005 contre M. Ahmadinejad
et était réputé avoir depuis des relations tendues avec lui, même s'il
n'a jamais fait de concessions sur le nucléaire dans ses négociations
avec les Occidentaux.
Selon le site internet
Rajanews, proche du président iranien, le successeur de Larijanai, Saïd
Jalili, est "très proche de M. Ahmadinejad".
Né
en 1965, ce docteur en sciences politiques entré dans la diplomatie en
1989 parle couramment anglais et arabe. Il a travaillé au bureau du
guide suprême Ali Khamenei avant de devenir conseiller présidentiel
puis vice-ministre des Affaires étrangères en charge du département
Europe et des Amériques dans le gouvernement Ahmadinejad.