Attentat de Karachi: enquête sur une liste de suspects donné

Attentat de Karachi: enquête sur une liste de suspects donnée par Benazir Bhutto




La
police pakistanaise interrogeait samedi trois hommes et enquêtait sur
une liste de suspects fournie au président Pervez Musharraf par
l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto, visée jeudi par un attentat
suicide à Karachi (sud) qui a fait au moins 139 morts.
Mme
Bhutto a affirmé avoir transmis au général Musharraf les noms de trois
personnes qu'elle soupçonne d'être impliquées dans l'attentat suicide
le plus meurtrier de l'histoire du Pakistan, survenu tout près du
camion blindé dans lequel elle menait un gigantesque défilé pour
célébrer son retour au pays, après huit années d'exil.
"J'ai
fait part de ces noms au général Musharraf et l'un de ces suspects est
quelqu'un qu'ils surveillaient déjà", a-t-elle expliqué à la BBC, sans
livrer ces noms au public.
Le chef de la
police de Karachi, Azhar Farooqi, a répondu que "l'enquête progressait
dans la bonne direction mais, une fois encore, nous éviterons de
pointer du doigt tel ou tel ou même d'accuser certains groupes de
combattants islamistes " avant d'avoir des certitudes.
Des
responsables du Parti du Peuple Pakistanais (PPP) de Mme Bhutto ont dit
à l'AFP que sa liste de suspects comprenait "des hauts responsables de
l'armée".
La police a également mené samedi des interrogatoires.
Trois
hommes, interpellés au Pendjab (centre) ont été emmenés à Karachi pour
y être questionnés à propos d'une voiture d'où une grenade aurait été
jetée par des assaillants près du convoi de Mme Bhutto, juste avant
qu'un kamikaze se fasse exploser dans la foule, a expliqué à l'AFP un
enquêteur.
Des policiers sont allés aussi
interroger sept islamistes emprisonnés à Karachi, pour recueillir
d'éventuelles informations sur l'attentat.
Les
services de sécurité avaient fait savoir à Mme Bhutto que des cellules
d'Al-Qaïda, des talibans afghans et pakistanais, mais aussi une
organisation de combattants intégristes basée à Karachi, préparaient
des attentats pour son retour.
Un commandant
des combattants islamistes proches des talibans et d'Al-Qaïda qui
infestent les zones tribales du nord-ouest avait aussi promis, selon la
presse, d'"accueillir" Mme Bhutto par un attentat suicide.
Cette
dernière a également accusé d'ex-dignitaires du régime militaire du
général Zia ul-Haq, qui a dirigé le pays de 1977 à 1988 en renversant
puis en faisant exécuter en 1979 son père, le Premier ministre Zulfiqar
Ali Bhutto
Le général Musharraf, à la tête du
Pakistan depuis un coup d'Etat sans violences en 1999, a promis à Mme
Bhutto d'arrêter les coupables, mais il l'a aussi priée de ne pas
"commencer à accuser les uns et les autres" sans preuves.
L'époux
de Mme Bhutto a accusé, dès la nuit du drame, une agence des services
de renseignements du gouvernement d'avoir perpétré l'attentat.
Sur
le terrain, l'enquête a permis de "trouver un indice, mais d'importance
relativement mineure, sur les lieux de l'attentat", a dit l'officier
Farooqi, sans plus de détails.
La police a aussi dit avoir retrouvé la tête du kamikaze présumé, et en a diffusé la photo.
Jeudi
soir, une grenade a d'abord été lancée au milieu de la foule au passage
du convoi de Mme Bhutto pour provoquer un mouvement de panique qui a
certainement permis au kamikaze d'approcher du camion et de déclencher
une bombe de 30 kg bourrée, selon la police, de billes d'acier et de
clous.
Au moins 139 personnes sont mortes et
plus de 300 blessées, mais ce bilan officiel est provisoire, nombre des
survivants étant dans un état critique, selon les hôpitaux.
Mme
Bhutto, 54 ans, avait fui le Pakistan en 1999 pour échapper à des
poursuites pour corruption quand elle était Premier ministre (1988-1990
et 1993-1996) et est rentrée à la faveur d'une amnistie décrétée
récemment par M. Musharraf.
L'attentat ne l'a
pas dissuadée de rester au Pakistan où elle a promis de "rétablir la
démocratie". Elle négocie cependant depuis des mois une alliance avec
le président Musharraf à l'approche des législatives prévues pour
mi-janvier. Il resterait ainsi président et elle redeviendrait chef du
gouvernement.