Canada: le gouvernement survit, pas d'élections en vue

Canada: le gouvernement survit, pas d'élections en vue




Le
gouvernement conservateur minoritaire canadien de Stephen Harper a
survécu mercredi à un vote de confiance final sur son programme, grâce
à l'abstention du principal parti d'opposition qui voulait éviter des
élections anticipées.
Le gouvernement de
Stephen Harper a obtenu, par 126 voix contre 79, l'approbation de la
Chambre des Communes sur ses nouvelles priorités exposées la semaine
dernière dans le "discours du trône".
Le rejet
de ce texte par la chambre aurait provoqué la chute du gouvernement et
le déclenchement d'élections qui semblent désormais peu probables avant
au moins l'an prochain.
Les deux plus petits
partis d'opposition, le Bloc québécois (indépendantiste) et le Nouveau
parti démocratique (NPD, gauche), ont voté contre le gouvernement.
Mais
la survie de ce dernier, qui avait déjà remporté deux votes de
confiance dans les derniers jours, était assurée car le Parti libéral,
principale formation d'opposition, avait annoncé qu'il s'abstiendrait
lors du vote final.
C'est ce qu'ont fait les
députés libéraux, évitant des élections, mais s'attirant en même temps
les quolibets des autres députés d'opposition.
Les
conservateurs disposent de 126 députés sur 308. Les libéraux en ont 96
et leur abstention a suffi à assurer la survie du gouvernement. Le Bloc
dispose de 49 sièges et le NPD de 30. La Chambre compte aussi 3
indépendants et 4 sièges vacants.
Les
libéraux, actuellement en position de faiblesse et à la traîne dans les
sondages, ont expliqué leur décision en faisant valoir que les
Canadiens ne voulaient pas de nouvelles élections qui auraient été les
troisièmes en un peu plus de trois ans.
Selon
plusieurs médias canadiens, le nouveau chef du Parti libéral, Stéphane
Dion, aurait préféré provoquer des élections, mais son groupe
parlementaire l'a convaincu que le parti n'était pas en état de se
lancer dans une joute électorale actuellement.
Dans
son programme, M. Harper promet de baisser les impôts, de renforcer la
législation sur la criminalité et de défendre la souveraineté
canadienne dans l'Arctique.
Il confirme aussi
que le Canada ne pourra pas se conformer à ses obligations dans le
cadre du protocole de Kyoto, ce que l'opposition lui reproche vivement.
Et
il a souhaité une prolongation jusqu'en 2011 de la mission des
militaires canadiens en Afghanistan, dont l'échéance est actuellement
prévue en février 2009, ce que refusent les trois partis d'opposition.
Un vote de la chambre doit avoir lieu l'an prochain sur cette question.
Au
pouvoir depuis le début 2006, M. Harper a déjà dépassé la longévité
moyenne de 18 mois des gouvernements minoritaires canadiens.
Plusieurs
commentateurs soulignent que profitant de la faiblesse des libéraux, il
entend faire appliquer son programme comme s'il était désormais à la
tête d'une gouvernement majoritaire.
Il a déjà
annoncé qu'il provoquerait de nouveaux votes de confiance pour faire
adopter ses principaux projets législatifs. Mais il paraît peu probable
que les libéraux le fassent tomber prochainement.
"Si
les Canadiens ne voulaient pas d'élections la semaine dernière, je ne
pense pas qu'ils en voudront la semaine prochaine", a dit M. Dion
mercredi.
Les derniers sondages indiquent que
les conservateurs ont creusé l'écart avec les libéraux et seraient près
de la barre des 40%, qui constituent le seuil nécessaire pour obtenir
la majorité, l'objectif de M. Harper.
M.
Harper s'est toutefois privé de la possibilité de choisir la date des
élections qui auront lieu à date fixe en vertu d'une nouvelle loi. Les
prochaines sont prévues en octobre 2009, à moins que l'opposition ne
fasse tomber le gouvernement d'ici là, ce qui pourrait se produire à
propos du budget au printemps prochain.