Allemagne: cap à gauche pour le SPD en congrès à Hambourg

Allemagne: cap à gauche pour le SPD en congrès à Hambourg




Le
Parti social-démocrate (SPD) allemand, partenaire gouvernemental de la
chancelière Angela Merkel, en congrès à partir de ce vendredi à
Hambourg, va mettre le cap à gauche pour tenter de reconquérir son
électorat, au risque de mettre à bas les réformes réalisées par la
coalition.
Malmené dans les sondages, le
président du parti, Kurt Beck, a décidé de prendre un virage résolument
"social" qui devrait sonner le glas de "l'entente cordiale" avec les
conservateurs de la CDU bien qu'ils n'aient pas d'autre choix que de
continuer à gouverner ensemble.
Réunis dans un
ancien "bastion rouge", Hambourg, 480 délégués venus de toute
l'Allemagne devraient approuver ce tournant, dans un congrès crucial à
deux ans des élections législatives. En octobre 2005,
sociaux-démocrates et conservateurs de la CDU/CSU décidaient contre
mauvaise fortune bon coeur de faire alliance pour diriger l'Allemagne.
Depuis, le SPD ne cesse de voir sa popularité s'effriter.
Ce
cap à gauche s'est matérialisé par la proposition de Kurt Beck
d'allonger la durée d'indemnisation des chômeurs âgés. Ce projet a
suscité un vif débat interne car il revient sur une des réformes
d'inspiration néo-libérales engagées en 2003 par l'ancien chancelier
Gerhard Schröder (1998-2005). Ces mesures impopulaires avaient
déboussolé l'électorat traditionnel du SPD.
La
CDU d'Angela Merkel n'est pas prête jusqu'à présent à financer la
rallonge proposée par M. Beck. Mais au sein même du plus vieux parti
socialiste européen, les "réformateurs" emmenés par l'influent
vice-chancelier et ministre du Travail, Franz Müntefering, craignent
qu'après avoir adopté la proposition de M. Beck, le congrès "ouvre les
vannes" des allocations sociales et remette en cause les réformes.
Déjà
dans l'aile gauche du parti certains veulent revenir sur le relèvement
de l'âge de la retraite de 65 à 67 ans, une des rares réformes
accomplies par la "grande coalition".
En face,
les "traditionalistes" emmenés par Kurt Beck cherchent à reconquérir la
base avant les élections législatives de 2009 et s'exaspèrent de voir
la CDU chasser sur leurs terres, notamment en promouvant avec succès
une politique familiale. Kurt Beck veut opérer un retour aux sources en
profilant le SPD comme le "parti des petites gens". Il cherche aussi
par ce biais à asseoir son autorité sur une formation qu'il dirige
depuis mai 2006.
Son parti a payé au prix fort
les mesures douloureuses de Schröder. Le SPD, qui comptait encore un
million de membres à la fin des années 70, n'en compte plus que 545.000
aujourd'hui. En moins de dix ans, entre 1998 et 2007, il a perdu plus
de 200.000 militants.
Les résultats électoraux
sont eux aussi en chute libre. A l'arrivée de Gerhard Schröder au
pouvoir, les sociaux-démocrates obtenaient 40,9% des voix. En 2005, ils
ont dégringolé à 34,2%. Les sondages actuels les créditent de 28% des
intentions de vote.
Alors que la CDU fait une
politique au centre, le SPD a assisté impuissant à la création à sa
gauche d'un nouveau parti, die Linke, rassemblant notamment les déçus
de la social-démocratie.
Franz Müntefering
s'est âprement opposé à Kurt Beck, estimant que sa proposition risquait
de nuire à l'emploi et de remettre en cause la croissance. Mais il a dû
finalement plier.
Le vice-chancelier, qui a
noué avec Angela Merkel une relation de mutuelle confiance, ressort
affaibli de cette crise, ce qui n'est guère de bon augure pour la
poursuite de l'action gouvernementale.
La
"grande coalition" ne paraît toutefois pas menacée car ni les
sociaux-démocrates ni les conservateurs ne semblent en mesure d'obtenir
une majorité claire en cas de scrutin anticipé, selon les sondages.