Birmanie: l'opposante Aung San Suu Kyi a rencontré un représ

Birmanie: l'opposante Aung San Suu Kyi a rencontré un représentant de la junte




L'opposante
birmane Aung San Suu Kyi a rencontré jeudi à Rangoun un représentant de
la junte au pouvoir alors que la pression internationale sur le régime
persiste et que l'émissaire spécial de l'ONU, Ibrahim Gambari, doit de
nouveau se rendre en Birmanie début novembre.
Par
ailleurs, l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights
Watch s'est dite préoccupée jeudi par les "graves exactions" que
l'armée birmane continue de perpétrer contre les minorités ethniques
dans les zones rurales.
Le ministre du Travail
Aung Kyi s'est entretenu avec Mme Suu Kyi pendant un peu plus d'une
heure "dans une résidence gouvernementale", a rapporté la télévision
officielle qui a diffusé de brèves images des deux personnalités en
train de parler, sans donner de détails sur la teneur de leur
discussion. Le ministre du Travail avait été chargé le 8 octobre par la
junte d'établir des contacts avec la dirigeante de l'opposition,
suivant une recommandation de M. Gambari qui s'était rendu en Birmanie
après plusieurs semaines de manifestations dirigées par les moines
boudhistes.
Jeudi, la dirigeante de
l'opposition a quitté sa maison de Ragoun, où elle est assignée à
résidence, à 14h00 locales (07h00 GMT) pour cette rencontre avec le
ministre, selon une source officielle. Privée de liberté pendant 12 des
18 dernières années, la présidente de la Ligue nationale pour la
démocratie (LND) et prix Nobel de la paix, avait pu quitter sa
résidence pour la dernière fois le 2 octobre pour une rencontre à
Rangoun avec M. Gambari.
Après la visite de
l'émissaire de l'ONU, le chef de la junte, le général Than Shwe, avait
laissé entendre qu'il pourrait s'entretenir lui-même avec Mme Suu Kyi à
condition que celle-ci abandonne sa politique de "confrontation" et de
soutien à la politique occidentale de "sanctions". Puis la junte avait
chargé le 8 octobre le ministre du Travail Aung Kyi des contacts avec
l'opposante.
Cette première rencontre jeudi
entre Mme Suu Kyi et le ministre intervient alors que la pression
internationale sur le régime militaire s'intensifie.
M.
Gambari, actuellement en tournée dans six pays d'Asie afin de renforcer
la campagne mondiale en faveur d'une démocratisation en Birmanie, se
rendra de nouveau dans le pays durant la première semaine de novembre.
Jeudi, M. Gambari s'est déclaré satisfait de ses entretiens lors de sa
visite de deux jours en Chine, qualifiant de "très bons" ses entretiens
de la veille avec le secrétaire d'Etat chinois aux Affaires étrangères
He Yafei.
Les autorités birmanes ont
violemment réprimé fin septembre les manifestations de protestation
contre le régime, faisant au moins 13 morts. Au total quelque 3.000
personnes ont été arrêtées durant cette période. Parmi elles, au moins
cent moines restent en prison.
L'organisation
de défense des droits de l'homme Human Rights Watch s'est dite
préoccupée jeudi par les "graves exactions" que l'armée birmane
continue de perpétrer contre les minorités ethniques dans les zones
rurales. L'organisation, basée aux Etats-Unis, craint que les
déplacements des populations Karen à l'intérieur des frontières
birmanes ne se soient aggravés depuis son rapport sur la situation de
cette minorité en 2005.
"Human Rights Watch
continue de recevoir des compte-rendus sur des exactions graves de
l'armée lors d'opérations contre la rébellion dans les zones où vivent
les minorités ethniques", indique un communiqué. En juillet, les
attaques de l'armée dans les villages du territoire karen ont provoqué
l'exode de plus de 200 civils, selon HRW.
L'armée
a par ailleurs exécuté sommairement trois personnes, ajoute-t-elle.
"Ces exactions contre les civils font partie de la campagne menée
depuis début 2006 contre les forces de l'Union nationale karen (KNU)",
ajoute l'organisation.
Sur le territoire d'une
autre minorité ethnique, l'Etat shan, mi-2007, plus de 500 villageois
des bords du Mékong ont été forcés à quitter leurs maisons en raison
des exactions, poursuit HRW, citant le travail forcé, les violences,
les agressions sexuelles et le pillage. "Les forces militaires birmanes
évacuent des communautés (...) de zones destinées à des projets
d'infrastructures ou de concessions comme des barrages, des gazoducs ou
des mines", explique HRW.
"Au lieu de mettre
en place une aide sociale dont la population a désespérément besoin, le
gouvernement envoit des soldats pour brûler les villages et contraindre
les civils à se soumettre à un travail forcé dangereux", dit Brad
Adams, directeur pour l'Asie à HRW