Birmanie: un célèbre comique et 31 autres opposants libérés

Birmanie: un célèbre comique et 31 autres opposants libérés




Un
célèbre comique birman, Par Par Lay, et 31 autres membres du parti de
l'opposante Aung San Suu Kyi ont été libérés après avoir passé plus
d'un mois en détention, a annoncé jeudi un porte-parole de la Ligue
nationale pour la démocratie (NLD).
Par Par
Lay, un des "Frères Moustache", trio de comiques connu pour ses satires
de la junte militaire, et les 31 autres membres de la LND ont été
libérés mardi dans la région de Mandalay (centre de la Birmanie), a
précisé à l'AFP ce porte-parole, Nyan Win.
Ces
personnes avaient été arrêtées fin septembre lors de la répression par
le régime d'un mouvement de protestation populaire emmené par des
bonzes. Environ 100 membres de la LND, le parti de Mme Suu Kyi, Prix
Nobel de la Paix, restent en prison et "j'espère qu'ils seront libérés
bientôt", a ajouté Nyan Win.
Deux des "Frères
Moustache", Par Par Lay, 59 ans, et son cousin Lu Zaw, 54 ans, ont déjà
passé près de six ans en prison pour avoir raillé la junte lors d'un
rassemblement en janvier 1996 au domicile de Mme Suu Kyi. Par Par Lay
avait une nouvelle fois été arrêté le 25 septembre après s'être joint à
une manifestation de quelque 30.000 moines bouddhistes qui avaient
défilé contre la junte à Mandalay, la deuxième ville du pays.
Au
total, près de 120 personnes ont été libérées par le régime au cours de
la semaine écoulée, mais des centaines d'autres seraient encore
détenues, selon des diplomates. Les libérations sont intervenues alors
que l'envoyé spécial de l'ONU Ibrahim Gambari doit retourner en
Birmanie samedi.
Une centaine de moines ont
défilé mercredi dans une ville du centre de la Birmanie pour la
première fois depuis l'écrasement du mouvement de protestation
populaire fin septembre, alors que l'émissaire de l'Onu Ibrahim Gambari
est attendu samedi à Rangoun pour une nouvelle médiation.
Les
religieux ont marché pendant environ 30 minutes dans la ville de
Pakokku, à environ 500 kilomètres au nord de Rangoun, en récitant des
prières mais sans proférer de slogans hostiles au pouvoir, selon des
témoins. "C'est très étrange, ces moines défilent pour la première fois
depuis la répression", a souligné une habitante de Pakokku.
A
New York, les Nations Unies ont annoncé une visite de six jours en
Birmanie de M. Gambari qui s'y était déjà rendu du 29 septembre au 2
octobre, peu après la violente répression par la junte militaire d'un
mouvement de protestation emmené par des moines bouddhistes. "M.
Gambari s'apprêtre à se rendre en visite en Birmanie du 3 au 8 novembre
à l'invitation du gouvernement", a déclaré Michèle Montas, porte-parole
de l'Onu.
Elle n'a pas donné de détails sur
l'emploi du temps du diplomate en Birmanie. Des informations ont
circulé affirmant qu'il se rendrait dimanche 4 à Naypyidaw, la nouvelle
capitale située à 400 kilomètres au nord de Rangoun, où résident les
chefs de la junte militaire.
Selon Mme Montas,
avant d'aller en Birmanie, M. Gambari, qui est actuellement en Asie, se
rendra vendredi à Istanbul pour s'entretenir avec le secrétaire général
de l'ONU, Ban Ki-moon. Ce dernier se trouve dans la métropole turque
pour participer samedi à une conférence ministérielle des voisins de
l'Irak.
Lors de sa première mission de bons
offices en Birmanie, M. Gambari avait pu s'entretenir avec le numéro un
du régime, le généralissime Than Shwe, à Naypyidaw, et avec la grande
figure de l'opposition Aung San Suu Kyi, assignée à résidence depuis
2003 à Rangoun. Le diplomate nigérian vient d'effectuer une longue
tournée à travers l'Asie (Thaïlande, Malaisie, Indonésie, Inde, Chine,
Japon).
Il a reçu le soutien des principales
capitales concernées dans ses efforts pour persuader le régime birman
de cesser la répression, libérer les prisonniers politiques et engager
le pays sur la voie de la démocratisation.
La
marche des moines mercredi à Pakokku a fait suite à une manifestation
pro-junte organisée dans la même ville qui avait réuni quelque 100.000
personnes dans la matinée. Le 5 septembre, plusieurs centaines de
bonzes avaient défilé à Pakokku mais des soldats avaient tiré en l'air
tandis que des miliciens pro-régime frappaient des moines. Le
lendemain, une vingtaine de responsables locaux avaient été retenus en
otage dans un monastère. Fin septembre, la junte avait violemment
réprimé les manifestations conduites par les moines bouddhistes,
faisant au moins 13 morts et procédant à des milliers d'arrestations.