Oscars: les "nominés" cosmopolites font aussi les

par **@lex** Sam 24 Fév - 16:35

Oscars: les "nominés" cosmopolites font aussi les affaires d'Hollywood

LOS ANGELES (AP) - Nombre des prétendants aux Oscars cette année
possèdent un léger accent, espagnol, anglais, voire japonais. Plus
cosmopolite que jamais, la liste des nominations reflète
l'internationalisation d'Hollywood, un signe d'ouverture aux talents
étrangers, mais aussi un écho de la mondialisation et du poids
croissant des recettes engrangées hors des Etats-Unis.
Ainsi la catégorie du meilleur film en langue étrangère n'est pas la seule à compter des films tournés dans une autre langue que l'anglais: "Lettres d'Iwo Jima" de Clint Eastwood, en japonais, ou "Apocalypto" de Mel Gibson
en yucatèque, parlé du temps de l'empire maya. Parmi les "nominés", on
compte aussi beaucoup de Mexicains, des Britanniques, une Espagnole,
une Japonaise...
Tourné dans plusieurs pays et en plusieurs
langues, "Babel", en lice pour l'Oscar du meilleur film, incarne ainsi
parfaitement la sélection 2007. Il offre une nomination à un Mexicain,
Alejandro Gonzalez Inarritu, pour le meilleur réalisateur, et à deux
actrices japonaise et mexicaine, Rinko Kikuchi et Adriana Barraza,
citées pour le meilleur second rôle féminin.
Meryl Streep est la seule Américaine en compétition pour l'Oscar de la meilleure actrice, face à une Espagnole, Penelope Cruz,
pour "Volver" de Pedro Almodovar, et trois stars britanniques, Kate
Winslet, Judi Dench et la favorite Helen Mirren pour "The Queen", de
Stephen Frears.
Toujours chez les acteurs, Djimon Hounsou,
d'origine béninoise, brigue la statuette du meilleur rôle masculin pour
"Blood Diamond". Pour le scénario, l'un des concurrents est le
réalisateur et scénariste mexicain Guillermo del Toro, pour le
"Labyrinthe de Pan". Sans compter que "Les Infiltrés" de Martin
Scorsese, prétendant à l'Oscar du meilleur film, est un remake d'un
film de Hong Kong, "Infernal Affairs".
Si les étrangers sont
très présents dans la liste des nominés, c'est aussi parce que
Hollywood a le sens des affaires. Avant l'essor de la télévision par
câble, des DVD et des jeux vidéos, les grands studios réalisaient le
gros de leurs revenus aux Etats-Unis, mais le rapport s'est inversé ces
dernières années.
En 2005, les films produits par Hollywood
ont réalisé environ 8,99 milliards de dollars (6,84 milliards d'euros)
de recettes dans les salles obscures américaines, contre 14,3 milliards
(10,88 milliards d'euros) à l'étranger, notamment en Europe, en Asie et au Canada, selon la Motion Picture Association of America (MPPA, association du film américain).
Hollywood
a toujours su exporter ses stars, mais aussi exploiter un casting
international pour gonfler ses bénéfices en dehors des Etats-Unis. "Si
vous mettez une star anglaise dans votre film et que votre film est
médiocre, il fera tout de même un bon score au Royaume-Uni
et dans tous ces pays qui faisaient partie de leur empire", explique
Mike Fenton, de la société de casting Fenton Frederick Casting à Los
Angeles.
Le public américain et les électeurs de l'académie
des Oscars ont toujours apprécié la classe des acteurs britanniques, de
Laurence Olivier à Peter O'Toole en passant par Vanessa Redgrave. Mais
ces dernières années, les nominations pour les Academy Awards ont fait
de plus en plus de place aux acteurs étrangers, comme la Colombienne
Catalina Sandino Moreno pour "Maria Pleine de Grâce" en 2005.
"Quatre-vingt-dix
pour cent des gens dans le monde vivent en dehors des Etats-Unis et le
monde compte beaucoup de gens talentueux", reconnaît Dan Glickman, le
président de la Motion Picture Association of America (MPAA).
Hollywood est désormais concurrencé par les florissantes industries du cinéma du Mexique, du Brésil, de la Chine ou l'Inde,
sur un marché de plus en plus difficile où les films américains se
retrouvent en compétition avec les stars nationales. Dans le même
temps, les nouvelles industries du cinéma, comme Bollywood en Inde,
sont devenues un vivier de talents, acteurs, réalisateurs et
scénaristes, qui renouvelle aussi les films américains.
"Nous
gardons cette capacité de fabriquer un produit aimé dans le monde
entier", explique Dan Glickman. "Mais les studios reconnaissent que
pour maintenir cette force, nous devons profiter des talents du monde
entier, où qu'ils soient."
Reste qu'il faudra sûrement
attendre des années avant que ce souci de diversité offre des rôles de
premier plan à des stars internationales. Pour les films à très gros
budget notamment, les studios restent frileux et préfèrent encore pour
le moment miser sur un acteur "bankable" (qui rapporte), comme George Clooney, Reese Witherspoon ou Denzel Washington. AP