La junte birmane n'aurait pas vraiment l'intention de dialog

La junte birmane n'aurait pas vraiment l'intention de dialoguer



Reuters

par Aung Hla Tun RANGOUN (Reuters) - Les conditions posées par le chef de la junte birmane pour engager des discussions avec l'opposante Aung
San Suu Kyi montrent que son offre de dialogue n'est pas sérieuse, estime vendredi la Ligue nationale pour la démocratie (LND).
La télévision nationale birmane a rapporté jeudi que le général Than
Shwe, chef suprême de la junte, avait déclaré à l'émissaire des
Nations unies Ibrahim Gambari qu'il était prêt à discuter sous
condition avec Suu Kyi, chef de file de la LND. Parmi les conditions exposées à Gambari, le commandant de la junte exige que l'opposante renonce à ses "pratiques
obstructionnistes" et abandonne son soutien aux sanctions prises contre l'ex-Birmanie.
"Ils lui demandent d'avouer des fautes qu'elle n'a pas commise", a
déclaré à Reuters Nyan Win, le porte-parole de la LND, dont la
victoire aux élections en 1990 a été ignorée par la junte.
Symbole de la lutte pour la démocratie au Myanmar, Suu Kyi, prix Nobel
de la Paix en 1991, a passé douze des 18 dernières années
en détention et est actuellement en résidence surveillée. Nyan Win a
demandé à ce qu'elle soit autorisée à répondre en public à l'offre de
la junte. WASHINGTON APPELLE À UN DIALOGUE SANS CONDITIONS
Il semble peu probable que cela lui soit accordé. La dernière fois que
Suu Kyi est apparue en public depuis son dernier placement en
détention, en mai 2003, elle saluait à l'entrée de sa résidence des
bonzes qui manifestaient contre le régime, et que les forces de l'ordre
avaient contre toute attente laissé franchir les barricades bouclant
son quartier. Son apparition avait duré 15 minutes.
Par la suite, les barricades ont été renforcées et n'ont plus été
levées. Aucune manifestation n'a eu lieu à Rangoun depuis un petit
rassemblement remontant à dimanche et les forces de sécurité sont
présentes en masse dans les rues inhabituellement calmes de la
plus grande ville du Myanmar. Les Etats-Unis ont appelé la
junte à entamer sans conditions préalables des pourparlers avec Suu Kyi
et ont fait savoir que la chargée
d'affaires américaine Shari Villarosa se rendrait dans la nouvelle
capitale, Naypyidaw, pour exhorter les généraux au pouvoir à ouvrir un
"dialogue constructif" avec les groupes d'opposition. Un
responsable de l'ambassade à Rangoun a démenti des informations
diffusées par les médias selon lesquelles Villarosa
rencontrerait Than Shwe et une source diplomatique a indiqué qu'elle
aurait en revanche un entretien avec le vice-ministre des Affaires
étrangères Maung Myint.