La junte birmane souffle le chaud et le froid avant une visi

La junte birmane souffle le chaud et le froid avant une visite de l'ONU




La
junte birmane a procédé à de nouvelles libérations d'opposants, tout en
limitant sévèrement l'accès à internet, avant une visite de l'envoyé
spécial de l'ONU Ibrahim Gambari samedi.
Le
régime militaire continue de souffler le chaud et le froid en faisant
des gestes en direction de l'opposition et de la communauté
internationale, tout en signifiant qu'il ne tolèrera pas une reprise de
la contestation.
Mercredi, une nouvelle
manifestation de moines bouddhistes s'était déroulée dans la localité
de Pakokku (centre de la Birmanie) qui avait été le point de départ du
mouvement de protestation populaire de septembre.
Aucun
incident n'a été signalé mais, 24 heures plus tard, l'accès à internet
a été brusquement limité et, vendredi, les utilisateurs birmans étaient
dans l'impossibilité de se connecter à des sites internationaux et de
recevoir ou d'envoyer des e-mails à l'étranger.
"La
passerelle de connexion est en panne" et "nous ne savons pas quand elle
sera rétablie", a déclaré à l'AFP un responsable de l'entreprise d'Etat
Myanmar Teleport.
Fin septembre, la junte
avait brutalement réprimé des manifestations de masse emmenées par des
bonzes. La principale liaison avec internet avait alors été coupée,
limitant considérablement le flot d'informations et d'images en
provenance de Birmanie.
Parallèlement aux nouvelles difficultés de connexion à internet, de nouvelles libérations d'opposants ont été annoncées.
Un
porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti
de la célèbre dissidente Aung San Suu Kyi, a indiqué vendredi que 46
personnes avaient été libérées, principalement des membres de la LND.
Au
cours de la semaine écoulée, au moins 165 personnes ont été libérées
mais, selon la LND, des dizaines de membres du parti restent
emprisonnés.
M. Gambari, qui s'était déjà
rendu il y a un mois en Birmanie, au plus fort de la crise, est attendu
samedi dans le pays pour une nouvelle mission de médiation prévue pour
durer jusqu'à jeudi.
Le secrétaire général de
l'ONU Ban Ki-moon a dit qu'il rencontrerait M. Gambari à Istanbul
vendredi avant le départ de celui-ci pour Rangoun et Naypyidaw, la
nouvelle capitale birmane.
M. Gambari,
diplomate international de nationalité nigériane, fera le point sur les
libérations de détenus exigées par le Conseil de sécurité et sur les
inquiétudes liées aux droits de l'Homme, ainsi que sur le dialogue
authentique requis entre la junte et Mme Suu Kyi, assignée à résidence
depuis 2003, selon un communiqué de l'ONU.
L'émissaire
discutera également de la mise en oeuvre de mesures visant à établir la
confiance, notamment la possibilité de créer un mécanisme de révision
constitutionnelle et une commission pour lutter contre la pauvreté.
Lors
de sa précédente visite, M. Gambari s'était entretenu séparément avec
le numéro un de la junte, le généralissime Than Shwe, et avec Mme Suu
Kyi.
Des analystes n'excluent pas un prochain
face-à-face entre l'homme fort de la Birmanie et la lauréate du Prix
Nobel de la Paix, alors que le régime cherche à réduire la pression
internationale.
"Il est hautement probable que
la junte veuille seulement gagner du temps", a estimé Shigeru Tsumori,
ancien ambassadeur du Japon en Birmanie.
De
son côté, l'analyste birman Win Min réfugié en Thaïlande a noté que le
régime avait fait des gestes en autorisant par exemple une première
rencontre le 25 octobre entre un de ses représentants et Mme Suu Kyi.
"Mais,
en terme de substance, je ne pense pas que les concessions soient
réelles", a-t-il dit. "Les généraux ne veulent pas abandonner le
pouvoir".